Réhabilitation du ministère des TP: un rétropédalage qui confirme les errements au sommet de l’Etat

Le Couple Ali Bongo / Ossouka Raponda ne rassure plus dans les décisions qui sont prises et ce à quelques mois de la présidentielle ©DR

Libreville, le 13 octobre 2022 – ( Dépêches 241). À l’annonce de la réhabilitation du ministère des Travaux Publics le 12 octobre, soit un mois après sa dissolution sous prétexte de résultats insuffisants, Ali Bongo Ondimba et sa cheffe du Gouvernement viennent d’opérer une  pirouette qui confirme clairement et sans ambages des errements au sommet de l’Etat. 

Le 12 septembre dernier, le chef du Gouvernement annonçait à la télévision nationale, la dissolution du ministère des TP en raison de l’insuffisance des résultats observés dans la conduite des travaux des voiries urbaines dans notre pays. Un mois plus tard, à la surprise générale, Ossouka Raponda investit à nouveau le petit écran et met sur orbite Toussaint Kouma Emana, un technocrate, parfaitement inconnu dans le landerneau politique, qui succède à Léon Armel Bounda Balonzi au ministère des TP. Un rétropédalage grossier et indigeste, qui conforte les pourfendeurs du chef de l’Etat dans l’idée qu’il ne gère plus le Gabon, qu’il n’est plus au centre des décisions prises au sommet de l’Etat.

LIRE AUSSI: Gabon: Ali Bongo dissout le ministère des Travaux Publics

En effet, tout porte à croire que la dissolution du ministère des TP n’était qu’une hérésie, un prétexte pour débarquer Bounda Balonzi, sacrifié sur l’autel de l’incompétence d’Ossouka Raponda, souligne certains observateurs. Car il aurait été plus simple de nommer Toussaint Kouma Emana au moment de l’éviction de Bounda Balonzi à la faveur d’un remaniement technique, auquel nous habitue désormais Ali Bongo Ondimba. Ce d’autant que Toussaint Kouma Emana est un homme d’expérience, cumulant plus de 20 ans dans la conduite dans chantiers routiers aussi bien au Gabon qu’à l’internationale.

Comment expliquer qu’Ali Bongo Ondimba décide de dissoudre le ministère des Travaux en le rattachant à la Primature et moins d’un mois après, contre toute attente, le réhabilite en y nommant une autre personnalité ? Quelles images donne-t-il du sérieux et de la pertinence de ses décisions ? Quelle message fait-il passer auprès de son gouvernement, auprès des Gabonais ? Pour d’aucuns, cette façon de procéder du numéro Gabonais donne l’image d’un homme dépassé, qui se dit, se dédit et qui se se vautre dans des décisions épidermiques qu’il n’assume pas. 

LIRE AUSSI: Dissolution du ministère des TP: Bounda Balonzi, le bouc émissaire de l’échec d’Ossouka Raponda

Cela dit, le problème du ministère des TP réside-t-il réellement dans le choix des hommes ? Pas si sûr.  D’autant plus que les compétences de Bounda Balonzi dans le domaine des Travaux Publics ne sont également pas à plaindre. Avant son entrée au Gouvernement en 2019, il a d’ailleurs dirigé le laboratoire national du bâtiment et des travaux publics. Cet ingénieur en génie civil coche toutes les cases au moment où il est sollicité pour relancer les travaux des chantiers routiers, trouvés quasiment à l’arrêt à son arrivée.  

LIRE AUSSI: Remaniement gouvernemental : Toussaint Kouma Emana nommé ministre des TP

Mais tout comme son prédécesseur, nul doute que Toussaint Kouma Emana sera confronté aux problèmes des  finances car comme le dit un adage populaire, il ne sert à rien de « cacher la poussière sous le tapis ». D’ailleurs l’ancien premier ministre Raymond Ndong Sima l’a si bien rappelé il y a quelques semaines : « Depuis Myboto, les ministres des Travaux Publics se sont vus attribuer les mauvais résultats dans le domaine des routes, voiries etc. Mais personne n’a jamais clairement établi le parallèle entre les sommes qui ont été  votées et les sommes décaissées dans la même année au profit de ce ministère. », a-t-il commenté. 

LIRE AUSSI: Gabon: déjà inopérante à la Primature, Ossouka Raponda s’en sortira-t-elle avec les TP?

Le moins que l’on puisse dire, est que Toussaint Kouma Emana hérite d’un ministère en proie à d’énormes difficultés de fonctionnement. Qu’à cela ne tienne, il devra défendre le bilan du secteur routier à quelques mois de la présidentielle, quoique présenté par Ali Bongo lui-même, comme le plus décrié par les populations. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*