
Libreville le 11 janvier 2023 – ( Dépêches 241). La très récente nomination d’Alain-Claude Bilie-By-Nze au prestigieux poste de Premier ministre apparaît logiquement comme une consécration. Elle couronne en effet le long parcours d’un homme qui, de l’avis de ceux qui le connaissent de près, a consacré sa vie à la politique, tant il y a investi toute son énergie et toute son intelligence depuis plus de trente ans.
Depuis précisément le temps de son activisme à l’Université Omar Bongo d’où il a par ailleurs été exclu pour des faits bien connus. Sa culpabilité, encore aujourd’hui, est-elle avérée ou non ? Personne ne saurait le dire avec exactitude. Mais on sait au moins que depuis ce temps, l’homme s’est résolu à prendre sa revanche sur la vie, sans doute pour prouver à ses détracteurs la pleine mesure de ses aptitudes. À l’évidence, il y est parvenu et cela depuis belle lurette.
Tout serait parfait si on se limitait à exalter ce parcours pour le moins extraordinaire. Seulement, on aurait vite oublié qu’il s’agit du champ politique. Certes, l’ancien animateur de radio Soleil est devenu à la force de ses compétences politiques un incontournable sous la présidence d’Ali Bongo Ondimba, puisqu’il a participé à tous les gouvernements depuis 2010, sans compter les postes qu’il a eu avant cette entrée au gouvernement, mais cette consécration marque aussi à nos yeux un tournant majeur pour sa vie politique. Elle indique au moins implicitement deux faits non négligeables.
Le premier suppose qu’en l’état actuel des choses, le président de la République en exercice sera candidat à propre succession. Cela car, Bilie-By-Nze, qui s’est par ailleurs chargé de ramener au plus haut niveau des affaires celui qui est peut-être encore son modèle politique, René Ndemezo’o, est pour monsieur Ali Bongo Ondimba le meilleur paravent qui soit pour aborder l’exercice de la campagne présidentielle qui pointe à l’horizon. De ce point, sa nomination n’apparaît plus tout à fait comme une consécration mais comme un poste de mission. Il redevient clairement ce qu’il a toujours été pour le président : un homme de main au sens exact où il se charge de remplir les missions politiques les plus périlleuses. Rappelons nous que c’était déjà le cas en 2009 en qualité de conseiller politique et porte-parole du président ; en 2016 au plus haut de la crise post-électorale qui a fait vaciller le pouvoir d’Ali Bongo.
Le deuxième indique selon toute vraisemblance que pour l’ex ministre des Affaires étrangères, l’heure du début de la fin vient de sonner. D’autant que cette nomination qui le consacre a priori verrouille a posteriori les ambitions dont il est soupçonné par de nombreux pédégistes qui le considèrent toujours comme un profito situationniste. Par ailleurs, on peut constater que cette nomination dessine des traits d’un stratagème politique éprouvé. Il a permis d’éteindre avant lui des hommes d’une grande notoriété comme Raymond Ndong Sima et Paul Biyoghe Mba, tous deux nommés à ce poste alors qu’on les pressentait en volonté de se porter candidat à la magistrature suprême.
La suite de leur vie politique est bien connue de tous. Ils sont aujourd’hui pleinement hors-jeux…