Gabon: Ali Bongo « le renard » , René Ndemezo’o « le corbeau » ? 

René Ndemezo’o s’est-il fait floué par Ali Bongo ?  © montage Dépêches 241

Libreville le 16 janvier 2023 –  Dépêches 241). A la faveur du remaniement gouvernemental du 9 janvier dernier, René Ndemezo’o Obiang, 75 ans, a hérité d’un poste ministériel inédit et créé de toutes pièces. Un poste de charité monté  à la hussarde pour contenter un opposant factice, devenu encombrant au fil des années. Une nomination qui, in fine, consacre la ruse politique d’Ali Bongo Ondimba, qui aura tout ou presqu’obtenu de l’ancien baron politique de Bitam sans le gratifier en retour de son plus grand désir : la vice-Présidence de la République. 

L’enfance et les années primaires de chacun de nous ont sans doute été marquées par une fable, l’une des plus célèbres, l’une des plus enseignées, celle de Jean de la Fontaine : « Le Corbeau et le Renard ». Ce récit qui fait l’apologie de la ruse met en scène un renard fin stratège, qui se sert d’une supercherie pour obtenir le fromage du corbeau et inverser à cette occasion le rapport de force initial a fait naître la fameuse maxime populaire qui se résume en ces mots : « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute »

Être le maître de la parole, flatter le Corbeau pour le séduire et ainsi voler son fromage, c’est en usant de ce stratagème et en se mettant dans la peau du renard,  qu’Ali Bongo Ondimba a réussi à flouer René Ndemezo’o pourtant réputé pour être lui-même un fin stratège dans ce domaine. Plus trivialement, c’est en  répétant la ruse du renard que le fils d’Omar Bongo a « roulé dans la farine », son aîné et ce dans tous les sens. 

Membre influent au côté de Jean Ping de la Coalition pour la Nouvelle République (CNR), directeur de campagne du challenger du président actuel en 2016 , René Ndemezo’o avait, contre l’avis de son camp politique trahit en faisant le choix de participer au Dialogue d’Angondjé, visant à légitimer le pouvoir contesté d’Ali Bongo en 2016. 

Pour le récompenser, le « one Capo » est porté à la tête du Conseil Economique et Social (CES). Sous fond de promesses de Gascon, de flagornerie et de courtisanerie impétueuses, Ali Bongo ondimba convainc son aîné de 75 ballets de « liquider sa chapelle politique et de revenir au PDG. De là résultera la fusion-absorption de son pseudo parti politique. En échange de sa reddition, on lui a promis la vice-présidence de la République. Ce n’était pas écrit, mais le Gabon est une maison de verre », commente Jean Valentin Leyama, ex directeur de cabinet adjoint de l’actuel Chef de l’Etat. 

Une ambition suspectée chez René Ndemezo’o Obiang qu’un courrier daté de décembre 2019 n°169/PCESE est venu faire passer du statut de rumeur à information connue de notoriété publique comme étant un secret de polichinelle. « Aujourd’hui alors que la personnalité que vous aviez nommé en 2017 comme vice-président de la République a comme cela était prévisible pris une autre direction (…), je me tourne respectueusement vers vous pour solliciter le poste de vice-président de la République afin de faire partie du cercle restreint de vos plus proches collaborateurs », avait-il écrit dans un courrier envoyé à son flatteur. 

On peut donc s’avancer sans risque de nous tromper qu’après avoir trahi, transhumé et vendu cupidement sa formation politique par son absorption au Parti Démocratique Gabonais, René Ndemezo’o Obiang attendait, à tout le moins, que la fonction de Vice-président de la République lui revienne de droit. Mal lui en a pris. Ossouka Raponda est passée par là. 

Presque par dépit, l’homme fort de Bitam a été nommé Ministre d’Etat, ministre de la Consommation et de la Lutte contre la vie chère. Un ministère vidé de sa substance , futile et superficiel dont les missions sont déjà clairement assurées par la Direction Générale de la Concurrence et de la Consommation et pour qui le législateur consacre les prérogatives au ministère de l’Economie. « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ». Telle est la morale de la fable du Corbeau et Renard. Dit autrement, il faut savoir garder la raison même quand quelqu’un nous flatte et nous dit ce que l’on veut entendre. 

René Ndemezo’o Obiang « le corbeau », s’est fait avoir par « le Renard » Ali Bongo. Tel un bleu, le natif de Bitam s’est fait doubler, obnubilé par l’espérance d’une consécration politique en réalité imméritée. Étranglé par une naïveté et un angélisme, qui lui ont fait oublier l’ADN du pouvoir gabonais qui n’accorde que très peu d’importance à la sacralité de la parole donnée.

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