Libreville, le 25 janvier 2023 (Dépêches 241). Dans une tribune, le célèbre journaliste, Pablo Moussodji Ngoma a donné son sentiment concernant la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre, Alain Claude Bilié-By-Nze. On le savait très à l’aise sur les questions sportives mais on a découvert en lui, à travers ce texte, un talent certain dans l’analyse des faits politiques.
On était au moins sûr, même ses adversaires politiques les plus irréductibles, que l’exercice était une simple formalité pour l’actuel Premier Ministre Alain Claude Bilié-By-Nze.
Prendre la parole en public même s’il faut défendre une politique générale d’un gouvernement pensée et repensée par les différents experts de tous les secteurs n’est pas la chose la plus aisée.
En respectant les délais constitutionnels, ACBBN a sans doute voulu marquer la rupture en se donnant une certaine légitimité que dis-je, en confirmant son aisance dans l’exercice oratoire qui lui a ouvert les portes des sphères fermées de la politique au point de conduire le wagon aujourd’hui.
Dans un hémicycle quasiment mono colore où le PDG règne en maître absolu, le Premier Ministre s’attendait tout de même aux interventions de l’honorable Akouré devenu la vedette de l’exercice accompagné de Madame Albertine Maganga Moussavou voire l’honorable Mabiala dont la tonalité a plus sonné comme une révélation assez prometteuse pour exercer un contre poids peu évident à la majorité présidentielle.
Les débats n’ont pas moins séduit les téléspectateurs comme quand l’honorable Akouré s’inspire de l’athlétisme et la course de relais pour passer le témoin non sans évoquer l’obligation de l’alternance lors des prochaines élections. ACBBN veut désarmer son contradicteur dont la faiblesse est d’avoir changé de bord en soulignant la nécessité d’assumer ce passif en tant qu’ancien député du parti au pouvoir. Il poursuivra par la suite en relevant que « le PDG n’a pas l’intention de vous passer le relais… »
Le nouveau coach qu’il est, peut toujours changer les résultats de l’équipe. Allusion faite au scepticisme justifié quant à l’efficacité de ce gouvernement dont le mercato n’a pas forcément été ambitieux par la reconduction du plus grand nombre.
Si le recrutement du coach suffit pour améliorer les résultats, d’aucun ont douté de la liberté de l’entraîneur à opérer les choix stratégiques. Dans tous les cas, c’est connu, le Gabono-pessimisme est sans doute le principal adversaire du gouvernement ACBBN.
Le turnover à ce poste peut être l’une des principales raisons de cette attitude renforçant le doute chez les gabonais. Et l’opposition tentera de banaliser l’exercice comme du déjà vu et entendu.
Mais le pragmatisme évoqué comme l’un des piliers de la politique de l’actuel Premier Ministre, sera sans doute le vrai sésame pour réinstaurer le climat de confiance avec la population. Accélérer les travaux routiers, le paiement des pensions qui a commencé etc..
ACCBB a d’ailleurs commencé l’opération de charme à l’endroit de cette jeunesse issue des familles économiquement fragiles qu’il incarne « l’égalité des chances » en rappelant son parcours parsemé de péripéties. « Il ne faut jamais abandonner…», cette invite optimiste aux allures pédagogiques tranche avec le pessimisme lié au chômage galopant, les moments d’incertitudes qui peuvent saper le moral des apprenants ou chômeurs diplômés.
Comme qui dirait, il faut toujours croire en l’avenir. Le discours emprunt d’émotion a forcément marqué surtout quand il conclut en remerciant le Père Paul Mba Abessole qui lui a donné les outils pour affronter la vie. Une sorte de loyauté assumée au-delà de toutes les divergences factuelles entre les deux hommes.
Bref, au-delà des discours, le principal remède pour asseoir la confiance des populations, c’est de réduire ce fossé entre le discours politique et la réalité du panier de la ménagère. À ce niveau, le pragmatisme du PM est très attendu.
Pablo MOUSSODJI NGOMA
