Raid à la prison de Tchibanga: «La Police gabonaise doit être dissoute» selon un Colonel à la retraite

Un corps de plus en plus rejeté et vilipendé par les populations ©DR

Libreville, 03 août 2021 (Dépêches 241). C’est la position radicale d’un officier supérieur de la Police nationale à la retraite, qui n’a pas caché sa déception au lendemain des tristes  évènements de la prison centrale de Tchibanga. Pour ce dernier, seules une refonte de ce corps et une restauration totale des valeurs et principes de formation pourraient faire à la Police nationale ses lettres de noblesse. 

Un ancien haut gradé de la Police nationale pense que la police nationale telle qu’elle est constituée aujourd’hui est en train de se déliter et qu’elle n’est rien représentative des valeurs qu’elle incarnait au moment de sa création. Un constat qui le pousse à envisager la plus drastique des solutions. « Pour redresser cette Police, il faudra d’abord la dissoudre », a-t-il révélé à la rédaction de La Cigale Enchantée dans sa parution du mardi 28 juillet n°37. 

Pour cet officier supérieur à la retraite, la police, ce grand corps malade n’est plus que l’ombre de lui-même en raison d’une politisation accrue de la politique de formation et de recrutement dont les critères sont loin d’être ceux de la déontologie militaire. « Il n’y a plus, ni Centre d’instruction, ni École de Police véritable. Le recrutement se fait après chaque élection, pour placer tous les voyous et autres nervis qui ont aidé les candidats à opérer des coups tordus de toutes sortes », estime-t-il. 

Une situation encouragée dit-il par les personnalités politiques qui après avoir recruté renégats, délinquants et criminels notoires, les incorporent dans la Police nationale en récompense de la réalisation de leurs basses et viles besognes. « Les listes de ces voyous à placer dans la Police nationale gabonaise viennent de toutes les personnalités qui les ont utilisés. Ainsi, sans enquête de moralité et sans une bonne formation, ils sont affectés particulièrement dans les unités opérationnelles », poursuit-il. 

Des recrutements qui entraînent depuis quelques années des bavures à répétition, des excès de zèle à foison et des actes criminels perpétrés par la police elle-même. Le comble, les chefs de ce corps seraient eux aussi nommés sur la base de la simple volonté politique et stratégique, non pour leurs compétences. « Une fois incorporé dans les effectifs, ils font tout, sauf la Police. Le comble, c’est qu’à la tête des unités, les chefs n’ont pas le niveau et l’expertise de leurs fonctions, pour la plupart », fustige t-il. 

Au regard de tous ces faits, ce colonel à la retraite de la Police Nationale ne voit comme seule solution efficiente que la refonte de tout le corps qui a déjà fonctionné sous d’autres cieux. « Cela s’est passé au Sénégal sous Abdou Diouf. La nouvelle police qui a été formée par la suite, avec certains officiers compétents, efficaces et intègres, est, aujourd’hui, l’une des  meilleures d’Afrique ». Voilà qui est dit !  

Des fait qui ne viennent que confirmer la réputation pas du tout usurpée de la Police Nationale qui selon le dernier rapport sur la corruption dans le monde et en Afrique en 2019, établi conjointement par Transparency International et Afrobarometer et publié par nos confères de Gabon Média Time fait de ce corps, l’institution la plus corrompue du Gabon.

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