Présidentielles 2023: l’impossible «débogoïsation» des élites politiques comme obstacle à l’alternance ?

Le modèle préexistant de la pratique de la politique inspirée par Omar Bongo est encore profondément encré chez les politiques gabonaises © DR

Libreville le 11 juillet 2023 – ( Dépêches 241). Ali Bongo, le président de la République actuellement en fonction, s’il se représente, a de fortes chances d’être réélu en 2023. Non pas pour ce qu’il est absolument celui à qui échoit cette fonction, mais pour ce que nos élites politiques toutes confondues et nous-mêmes populations, sommes encore aujourd’hui incapables de dépasser le système géostratégique de gestion politique institué par le feu président Omar Bongo. 

La réélection d’ABO et la pérennité du système dont il n’est qu’héritier se feront en effet parce que personne d’entre les opposants n’est jusqu’à présent parvenu à se « débongoniser » lui-même. C’est-à-dire à faire de la politique en dehors des schémas imposés par leur mentor commun. Jean Ping, Alexandre  Barro Chambrier, Pierre-Claver  Maganga Moussavou, Séraphin Moundounga, pour ne citer que ces potentiels candidats à la prochaine élection présidentielle nous le prouvent à suffisance. Leurs usages politiques, la gestion du personnel collaborant, le regard porté sur la jeunesse et les femmes restent les mêmes. 

Toujours, des tee-shirts, des pagnes, des billets distribués, toutes choses pour lesquelles on ne peut objectivement faire mieux que les tenants du pouvoir en raison de ce qu’ils restent de fait, les plus nantis. C’est pourquoi au demeurant leurs tentatives d’accession au plus haut sommet de l’État sont velléitaires. Elles ne sont en réalité que reproduction d’un modèle préexistant, connus de tous, calqué sur le modèle d’antan de Bongo Père. 

Ni du côté des politiques, ni du côté des populations, personne n’est advenu à la sublimation. Tout au contraire, les uns et autres semblent se convaincre mutuellement de ce qu’il est nécessaire de rester sur ce chemin. Car, d’une part, personne d’entre les élites politiques ne travaille à ce qui semble durablement à tracer une alternative au parti au pouvoir par la diffusion d’une idéologie crédible et portée par le long terme. Davantage, personne n’assume le devoir de pleine présence à l’échelle nationale qu’exige une telle prétention. C’est à croire que Libreville seule est constitutive de l’ensemble. Moabi, Ndindi, Sam, Medouneu, Mbigou Oyem et toutes ces autres petites localités ne comptant guère ! 

D’autre part, les attitudes voire les habitudes des populations qui, sans cesse, participent désormais en conscience à ce jeu pervers. Elles qui deviennent selon les situations spontanément soutien de X ou de Y  en partant du système du plus offrant et non plus du plus crédible.

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