Célébration des 62 ans d’indépendance: l’état de la Nation vu par Raymond Ndong Sima

Ndong Sima jette un regard froid sur la situation du pays ©DR

Libreville, le 18 août 2022 (Dépêches 241). Dans une tribune publiée sur les réseaux sociaux, l’ancien premier ministre d’Ali Bongo Ondimba a livré sa lecture de l’état de la Nation à l’heure où le Gabon commémore les 62 ans de son accession à l’indépendance. Pour Raymond Ndong Sima, le Gabon sombre dans une crise sans précédent qui n’épargne aucun secteur. De l’économie à l’emploi en passant par les infrastructures, la couverture maladie y compris la santé. Le natif d’Oyem dépeint une réalité qui contraste avec le discours aux relents d’autosatisfaction tenu par le président de la République, Ali Bongo Ondimba.

La célébration de la fête nationale qui commémore normalement l’indépendance du pays semble avoir du plomb dans l’aile. La morosité ambiante dans la vie économique et sociale du pays y concourt très largement. Le cœur n’est presque nulle part à la fête, sauf peut-être dans les corps habillés qui semblent avoir reçu de nouvelles dotations.

Les raisons de commémorer cet évènement sont de moins en moins évidentes puisque d’une part les témoins de ce moment historique en 1960 se réduisent avec le temps ; d’autre part, les performances économiques et sociales du pays ne sont manifestement pas reluisantes.

Ils sont même de plus en plus nombreux ceux qui se demandent ce qu’on fête tant le tableau d’ensemble est sombre avec : des retraités à la peine pour percevoir leurs pensions ; tant de jeunes à la recherche désespérée d’un emploi ; des hôpitaux publics dans tant de cas réduits au service minimum ; des villes et des provinces ramenées à la bougie et à la lampe à pétrole, condamnées à manger de la nourriture congeléé-décongelée-recongelée et re-décongelée etc. ; des routes défoncées qui provoquent une augmentation significative des accidents de la circulation ; des affaires de délinquance financière à n’en plus finir dans lesquelles tous les mis en cause ne sont manifestement pas invités à s’expliquer y compris pour laver leur honneur ; une invraisemblable boulimie d’accaparement des terrains y compris ceux déjà attribués à d’autres concitoyens dans une logique évidente d’enrichissement sans cause et de blanchiment de l’argent détourné ici et là. Bref, les motifs de se réjouir ne sont pas légions.

Pourtant l’existence en soi du pays, en tant qu’elle fonde notre identité dans le monde, vaut la peine d’être fêtée malgré nos difficultés. C’est donc l’occasion d’un réveil de notre conscience et de notre détermination à défendre cette existence que certains dénient en pratique à d’autres en leur refusant les cartes nationales d’identité, les routes pour circuler, les hôpitaux pour se faire soigner, l’électricité pour s’éclairer, de l’eau potable, en détruisant des biens communs tels que la couverture maladie, etc. Mais puisque l’espérance est une autre forme de vertu, il faut être vertueux, espérer que demain sera meilleur et agir pour que tel soit le cas.

Alors à tous, bonne fête peut-être pas de l’indépendance mais certainement de la nation Gabon en construction au delà des difficultés du moment.

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