Gabon: Université d’Oyo, un mensonge d’Etat ?

Ali Bongo a-t-il fait une promesse de Gascon ? © DR

Libreville, le 07 juin 2023-(Dépêches 241). Huit ans après son annonce, l’université d’Oyo n’a jamais vu le jour. Ce projet pharaonique aurait plutôt servi d’argument de campagne à Ali Bongo en 2015, alors que ce dernier briguait la magistrature suprême pour un second septennat.

Nous sommes le 16 août 2015. Un an avant l’élection présidentielle.  Lors de son traditionnel discours à la nation, pour célébrer les 55 ans d’indépendance de notre pays, Ali Bongo fait ce qu’il sait faire le mieux. Des promesses. En effet, le fils d’Omar Bongo promet de léguer toute sa part d’héritage à la jeunesse gabonaise. En prime, le chef de l’État sortait une annonce relative au don d’une des propriétés familiales d’Omar Bongo située à Libreville, en l’occurrence le Palais Oyo, près du camp de Gaulle, qui serait cédée à l’Etat et dévolue à l’implantation d’une université. « Au nom des enfants d’Omar Bongo Ondimba, j’ai décidé de céder à l’Etat, à titre gracieux, la propriété située à côté du Camp de Gaulle », avait-il indiqué. Cette décision surprend plus d’un observateur puisque la succession d’Omar Bongo, décédé en 2009, et qui compte 53 héritiers déclarés, n’est pas encore réglée. 

Plus grave, cette déclaration solennelle avait été suivie par l’organisation d’une cérémonie de remise officielle du titre de propriété de la résidence de 215.411 m² à l’Etat gabonais qui devait en faire une université. Depuis cette scène grandeur nature projet de l’université d’Oyo s’est rangé dans le cimetière surchargé des promesses du fils d’Omar Bongo. Un comble quand on sait que la population estudiantine de la principale université est estimée à près de 30 000 étudiants dans une structure conçue pour n’en accueillir qu’à peine 8000 au sein de laquelle les conditions d’apprentissage demeurent quasi précaires. 

Les doutes sur les bonnes intentions d’Ali Bongo se confirment alors, puisque voilà bientôt huit ans que cette promesse a été faite et le projet n’a toujours pas vu le jour. Sans doute une promesse électoraliste comme Ali Bongo en a le secret. On se souvient en effet que le chef de l’État nourrissait également l’ambition presque démesurée d’ériger à Libreville, l’African Music Institute (AMI), une école haut de gamme destinée à former la future élite de l’industrie musicale africaine. Ce projet a finalement été  renvoyé aux calendes grecs au même titre que les universités d’Oyem et Mouila idéalement présentées sur papier et celle de Port-Gentil dont le chantier n’est toujours pas livré.

Tous ces projets pharaoniques, finalement érigés en mensonges d’Etat,  servent souvent d’arguments de campagne au fils d’Omar Bongo. C’est ainsi que des projets tels que «un jeune un métier» ont vu le jour. En 2016,  les moins de 25 ans comptaient pour plus de 60 % de la population gabonaise. Un poids électoral déterminant pour la conquête du pouvoir. Ali Bongo en fait sa cible privilégiée.

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