Emprisonnement de Jean Rémy Yama: une décision polémique sujette à plusieurs interrogations

Jean Rémy Yama ferait-il peur au pouvoir? ©DR

Libreville, le 3 mars 2022 (Dépêches 241). Accusé d’abus de confiance dans le cadre de l’affaire Serpentin, Jean Rémy Yama a été écroué ce mercredi à la Prison centrale de Libreville. Seulement au regard des prétentions et des arguments soulevés par son avocat, cet emprisonnement suscite à juste titre de nombreuses interrogations dans l’opinion. 

Arrêté dimanche dernier à l’aéroport de Libreville dans le cadre de l’affaire Serpentin, Jean Rémy Yama a été transféré à la tristement célèbre prison « Sans famille », après avoir passé trois jours de détention dans les locaux de la Direction générale de la contre-ingérence et de la sécurité militaire. Une procédure judiciaire expresse, qui a la lumière des moyens soulevés par son avocat, le Maître Imbong Fadi, laisse planer et ce à juste titre, de nombreux doutes, sur les réelles motivations de cette arrestation. 

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En effet, selon le Conseil du syndicaliste, l’arrestation puis la mise en détention préventive de Jean Rémy Yama ne se justifient pas car, dans un passé récent, le Procureur de la République qui s’était saisi du dossier Serpentin, avait décidé de classer sans suite l’affaire au terme de l’information judiciaire. « La garde à vue de Jean Rémy Yama ne se justifie pas car, cette affaire est une affaire civile ou commerciale et le Procureur de la République en son temps, avait déjà reçu les plaignants et il avait classé ce dossier sans suite » a déclaré le Maître Imbong Fadi. 

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Mieux, toujours d’après l’avocat du leader syndical, la Société Serpentin qui est mise en cause est une Société civile et immobilière gérée par deux personnes . Dans ce contexte, personne ne peut comprendre que le seul Jean Rémy Yama soit écroué, tandis que le co-responsable de l’entreprise circule librement. « Jean Rémy Yama n’est pas le seul administrateur de la société Serpentin. Ils sont deux. Pourquoi choisir un et laisser l’autre ?» s’est interrogé le Conseil. 

Au regard des informations susmentionnées, l’opinion est en droit de se poser la question de savoir si l’arrestation de Jean Rémy Yama est juridiquement fondée. S’agit-il simplement d’une arrestation arbitraire aux motivations politiques ? Car comment comprendre que Jean Rémy Yama notoirement connu pour ses opinions politiques, par ailleurs acteur majeur de la société civile, soit le seul poursuivi et jeté en prison, alors que la société est gérée par deux responsables ?

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Que fait-on du principe de coresponsabilité dans la gestion de l’entreprise ? Pourquoi traîner en justice un des responsables et pas l’autre ? Pourquoi exhumer maintenant, à l’orée des échéances politiques majeures, cette affaire qui avait déjà été classée sans suite par le Procureur de la République? 

Un questionnement qui au regard de la procédure un tantinet cavalière, ayant conduit au placement sous mandat de dépôt de Jean Rémy Yama, crédibilise la thèse selon laquelle, l’arrestation de ce leader syndical, obéirait à la volonté de museler les voix discordantes mais également celle de fragiliser la société civile qui mène une fronde contre le pouvoir en place. 

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