Décès de Gaël Ongone-Nkoume: Chacun en responsabilité pour tous

Le jeune Gaël Ongone-Nkoume de son vivant ©DR

Libreville, le 4 novembre 2021 (Dépêches 241). Les heurts, informations et désinformations nées de ce que l’on convient désormais d’appeler l’affaire Gaël Ongone-Nkoume portent eux un dualisme manifeste, concernant les élèves de « Capo » dans le traitement de l’actualité et les prises des décisions les concernant. Un traitement de l’actualité souvent foncièrement incorrect et un traitement réservé aux apprenants, frappé du sceau de la violence sous l’infâme complicité des bus des sociétés de transport. Deux situations, deux réalités qui situent clairement les responsabilités de chacun dans cette affaire de ce jeune de 19 traité à tort de « Cascadeur ». 

Les événements survenus ces dernières 72 heures au Lycée Technique National Omar Bongo (LTNOB) et rapportés par notre rédaction, pour peu qu’on veuille y réfléchir, révèlent au moins deux vérités qu’il importe sans cesse de rappeler à tous pour le bien commun.

La première d’entre ces deux vérités consiste à rappeler aux journalistes qu’ils doivent s’obliger à respecter les codes et les valeurs propres à leur métier dont la vocation est d’informer, non aucunement de désinformer ou même d’inventer des fables. Cette exigence est déontologique et éthique. Car il n’est d’aucune valeur ni d’aucun mérite qu’un journaliste se fasse simplement écrivain : son métier n’est pas de raconter des histoires inventées ou embellies à la force de son génie, mais de mettre sur la place publique des informations objectives qui permettent aux lecteurs de se faire une juste opinion des faits. Qu’on admette la proximité de certains organes de presse avec le pouvoir, cela ne les exonère pas, pour autant, de ce devoir fondamental. Encore plus lorsqu’il s’agit de rendre compte d’un incident dont l’issue implique une mort d’homme. 

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La seconde exige de reconnaître qu’en société démocratique, l’usage de la force, même légal, ne doit pas être le seul moyen de faire exister l’autorité publique. Or, en effet, et à l’évidence, tout laisse à croire que l’usage de la violence est devenu depuis plus d’une décennie un mode de gestion politique dans notre société. Et que bien souvent, les apprenants restent les premières victimes de cet excès de violence. Certes, il ne serait qu’aucun intérêt de nier ou de justifier leurs inconduites, mais, il ne serait tout autant d’aucune incongruité de faire remarquer que cet usage abusif de la violence ne sert qu’à mal cacher l’incompétence de certains en charge des affaires publiques. Car, plus d’une fois, à bord des bus de la société Trans’Urb,  de nombreux élèves de cet établissement ont été des victimes collatérales, dans les commissariats, des inconduites de quelques-uns seulement, et parfois même d’anciens élèves exclus.

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Des élèves roués de coups, d’autres victimes de punitions et soumis à diverses humiliations à cause d’une réputation dont la réalité est bien différente, mais dont personne ne veut réellement se défaire. C’est à croire que la seule évocation du pseudonyme CAPO suffit à réveiller l’animal endormi dans l’être de la majorité de nos agents des forces de l’ordre. C’est à croire qu’il s’est établi un contrat entre la société Trans’Urb et la Police nationale qui s’accorde le droit de violenter sans préalables, sans préavis, ces élèves dont nombreux ne sont que des mineurs. Sans jugement, cela en légalité n’est pas juste !     

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C’est donc qu’il faut aujourd’hui chacun prendre ses responsabilités. Et cela d’abord implique peut-être pour chacun de faire sa part avec compétence. L’inverse de cette logique, même en reconnaissant qu’il bénéficie à certains,  notamment aux décideurs politico-administratifs, nous rabaisse tous en vérité. Il rend comme vraie une certaine opinion qui laisse entendre que la compétence et l’autorité n’existent plus que de nom dans notre pays. Et surtout l’idée que personne n’est à même de changer cette situation.               

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