Libreville, le 20 Mai 2024 – (Dépêches 241). Le Gabon a récemment conclu un partenariat stratégique avec la China Road and Bridge Corporation (CRBC) pour la construction d’un chemin de fer électrique reliant les principaux gisements de fer de l’intérieur du pays aux côtes atlantiques. Dans le cadre de ce partenariat avec la CRBC, le Gabon prévoit notamment la construction du port en eau profonde de Mayumba, dans la province de la Nyanga. Un projet dans le pipeline depuis une décennie. Cette infrastructure portuaire, d’une capacité potentielle de 250000 tonnes, surpassera de loin le port d’Owendo (67000 tonnes) et servira de terminal d’exportation pour le fer, le manganèse et potentiellement d’autres minerais stratégiques.
Le site de Mayumba a été choisi pour sa situation géographique avantageuse, en bordure de l’Atlantique Sud et à proximité des gisements de fer de l’Est et du Sud-Est. Ce port servira non seulement les intérêts gabonais, mais pourrait aussi devenir une plateforme régionale pour les pays voisins comme le Congo ou la Centrafrique, désireux d’exporter leurs ressources par une voie sécurisée.
La conception du port prévoit des équipements de dernière génération : grues portuaires automatisées, entrepôts à grande capacité, zones de stockage des minerais, et installations conformes aux normes environnementales internationales. Des études d’impact ont été commanditées afin de préserver la biodiversité marine et d’impliquer les populations locales dans le processus de développement.
Ce projet créera des opportunités économiques majeures pour la région de la Nyanga, souvent marginalisée. Les autorités locales espèrent que l’activité portuaire induira des investissements privés dans les services, la restauration, la logistique et le transport. En parallèle, le gouvernement prévoit la modernisation des routes secondaires autour de Mayumba pour soutenir l’afflux logistique. Avec ce port, le Gabon pourrait renforcer sa stratégie de sortie de la dépendance pétrolière en valorisant ses ressources minières et sa position géostratégique.
Mais cette ambition pourra-t-elle se concrétiser sans une gouvernance rigoureuse, des délais respectés et une réelle implication des communautés locales ? Le pays a-t-il les capacités institutionnelles pour faire de Mayumba un hub logistique régional durable ? À l’heure où la concurrence s’intensifie en Afrique centrale, le pari gabonais pourrait réussir certes, mais à condition de transformer cette vision en réalisations concrètes et inclusives. Des annonces prometteuses de début de mandat on en a eu sous Ali Bongo, mais combien se sont concrétisées? Là est toute la question.
