Affaire Opiangah et État de Droit: le silence assourdissant et complaisant de Brice Clotaire Oligui Nguema

Brice Oligui Nguema et Hervé Patrick Opiangah au début de la transition

Libreville, le 17 mars 2025 – (Dépêches 241). Depuis le début du feuilleton nommé « l’affaire Opiangah », les langues se délient chaque jour, les avis se révèlent de plus en plus tranchés, notamment au sujet de la procédure judiciaire viciée, inique et immorale initiée contre l’homme d’affaires. Pourtant, malgré les multiples interpellations adressées au Chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, pour une intervention, celui-ci semble se murer dans un silence assourdissant et complaisant. Toute chose qui laisse désormais planer dans l’opinion l’idée qu’il tirerait lui-même les ficelles dans l’ombre pour que cette affaire ne trouve pas d’épilogue. 

L’État de droit au Gabon, déjà fortement piétiné sous le régime avilissant d’Ali Bongo, sera t-il encore plus moribond sous le CTRI, estampillé du sceau de la Restauration des Institutions ? C’est ce qui semble se dessiner à la lumière de l’Affaire Hervé Patrick où le lien incestueux entre la justice et le politique s’est montré dans sa face la plus hideuse. 

Une affaire politico-judiciaire sous fond de règlement de compte, de parjure et qui dans le contexte électoral est en train de ternir l’image d’un régime pourtant en transition vers un ordre constitutionnel de plus en plus contesté. C’est en tout cas ce que pense une personnalité politique proche du pouvoir reprise par notre confrère de l’objectif. « L’affaire Opiangah est une affaire politique qui vient écorner l’image de cette Transition qui pourtant tire à sa fin » a-t-il indiqué d’entrée. 

Pour ce dernier, la vacuité du dossier et les comportements coupables de la justice gabonaise en tête desquelles le Procureur de la République Bruno Obiang Mve, ont fini par faire comprendre que l’issue ne pourrait venir que du président de la Transition dont l’hypothèse de son implication dans le complot ourdi contre Hervé Patrick Opiangah grossi de jour en jour. « Personne d’autre que le Président de la Transition ne peut mettre fin à cette situation que nous déplorons. Pour la simple raison que, même si ce sont les personnes de son entourage qui ont ordonné la chasse contre Opiangah, elles ne pouvaient pas mettre ce plan à exécution sans son aval. Et sans langue de bois, même si certains ne veulent pas le reconnaître, c’est le Chef de l’Etat qui est responsable de la situation que subit actuellement Hervé Patrick Opiangah », ajoute l’acteur politique. 

Une situation qui offre au discrédit  la Nation toute entière et qui en définitive, met le président de la Transition devant le miroir déformant de ses fausses réalités au regard de l’inadéquation entre ses déclarations et ses agissements. « Cette situation n’honore pas notre pays, qui aspire à devenir une véritable démocratie avec le respect des libertés fondamentales dans un véritable État de droit. Le Président de la Transition doit désamorcer cette bombe à retardement qui pourrait exploser à tout moment », ajoute t-il. 

La gravité des faits est telle que Brice Clotaire Oligui Nguema est pris dans les mailles du filet, dos au mur, il lui est désormais impossible d’invoquer l’excuse désormais irrecevable d’ingérence dans les affaires judiciaires. Sa fonction qui fait de lui le garant de l’Etat de droit et de la justice lui confère une marge de manœuvre certaine comme le souligne un professeur de droit. « Le Président de la Transition, garant de la justice et de l’Etat de droit, ne peut pas se cacher derrière cet argument pour justifier son silence et même l’indifférence vis-à-vis de la situation qui prévaut concernant l’affaire Opiangah. D’abord, parce que contrairement à Kelly Ondo et compagnie, le dossier concernant Hervé Patrick Opiangah est vide. Cela a été démontré devant l’opinion nationale et internationale. À partir de ce moment, la justice devrait lever toutes les poursuites contre lui. La grande question est de savoir qui manipule la justice pour qu’elle ne dise pas le droit dans cette affaire ? », s’interroge-t-il. 

La réponse à cette question pourrait intervenir au terme de celle qui émergerait à la fin de cette interrogation. À qui profite l’absence d’Hervé Patrick Opiangah ? À qui s’est-il opposé ? Dit autrement à qui profite le crime ? À ce questionnement, d’aucuns pensent que « Aucune main noire, plus que celle du Chef de l’État ne peut être aussi forte pour influencer la justice au point qu’elle n’arrive plus à se rendre à l’évidence, celle de prononcer simplement un non lieu en faveur d’Hervé Patrick Opiangah », a conclu ce praticien du droit. 

Au regard de tous les éléments apportés, une chose est désormais frappée du sceau de l’évidence. « Le Président de la Transition gagnerait à s’impliquer personnellement au retour sécurisé d’Hervé Patrick Opiangah. Continuer dans le mutisme et l’indifférence confortera la position de ceux qui pensent que c’est lui, le Chef de l’Etat qui tire les ficelles pour mettre hors d’état de nuire l’un des civils acteurs du coup de Libération du 30 août 2023 », ajoute un observateur. 

Auquel cas, le président de la Transition, président-candidat depuis le 12 mars 2025, court le risque d’être mis en porte à faux avec ses propres discours. Constat qui pourrait, avant même le scrutin, porter atteinte à la stature d’homme d’Etat qu’il tente difficilement de créer, au regard de la majorité silencieuse et conscience qui émet de plus en plus de réserve sur sa capacité à diriger le pays et à instaurer en définitive, une véritable démocratie. 

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