
Libreville, le 18 avril 2025 – (Dépêches 241). Au lendemain de son élection à la tête du pays, Brice Clotaire Oligui Nguema s’est adressé à ses collaborateurs de la Présidence de la République. Dans un discours direct, le nouveau Chef de l’État a clairement laissé entendre que personne ne pourrait le contraindre à mettre de côté les dignitaires de l’ancien régime, au motif qu’ils seraient pétris d’expérience avec des CV qui parleraient pour eux. Une déclaration très mal perçue au sein de l’opinion, car les anciens prétendument remplis d’expérience dont fait allusion le Chef de l’État ont activement, pour la plupart, participé à la gouvernance chaotique du pays depuis plusieurs décennies.
Le moment était historique, l’instant solennel. Quelques heures après la proclamation des résultats provisoires de l’élection présidentielle du 12 avril dernier, le Président de la République, Chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, prenait la parole pour la première fois. Au moment de s’adresser à ses collaborateurs, Brice Clotaire Oligui Nguema a fait entendre que « personne ne peut m’obliger à enlever les anciens visages ou à faire venir des jeunes », a-t-il d’abord fermement déclaré, avant de poursuivre en soutenant qu’« on me dit que je suis souvent avec les anciens. Mais c’est parce qu’ils ont un parcours, ils ont des CV qui parlent pour eux », a-t-il ajouté au sujet de son ambition de travailler avec les dignitaires des anciens régimes.
Restant sur sa justification de vouloir travailler avec les visages connus des anciens régimes, le nouveau Président République n’a pas hésité à se référer à Ali Bongo Ondimba, l’ancien Chef d’État. « Mon prédécesseur a chassé tous les vieux pour travailler avec les jeunes. Qu’est-ce que ça a donné ? », s’est ensuite interrogé Brice Clotaire Oligui Nguema, avant de conclure en défendant l’idée qu’« il faut certes des jeunes, il faut de nouveaux visages, mais que chacun comprenne que l’administration ce sont les étapes », a-t-il bouclé son propos.
De l’incohérence de construire avec une expérience qui a échoué à faire ses preuves
Une chose a semblé cependant échapper au Président de la République: les anciens auxquels il fait allusion ont pour la plupart échoué à impulser un véritablement développement du pays, au moment où ils avaient encore des postes importants dans l’appareil étatique. Aussi bien sous feu Omar Bongo Ondimba que sous son fils et successeur Ali Bongo, ces anciens ont manqué de faire prendre au Gabon un tournant décisif vers son essor politique, économique, social et infrastructurel. Ayant échoué en étant hier Président d’Institutions Constitutionnelles, Ministres de la République, Chefs de Gouvernements, plusieurs de ces anciens visages ne sauraient en logique et en cohérence être remis au devant de la scène pour projeter le nouveau Gabon.
De plus, ces visages qui oscillent inlassablement depuis plus de trois décennies entre alliances éphémères et trahisons improbables à la veille de chaque échéance électorale capitale ne peuvent plus objectivement porter les espoirs d’un peuple gabonais suffisamment meurtri, et qui l’a démontré à la faveur du dernier Dialogue National Inclusif d’Angondjé, en recommandant la suspension du PDG, ses cadres et ses affidés pour une durée de 3 ans. Des haut commis de l’Etat, du reste, toujours considérés comme les ingénieurs de la misère des gabonais depuis bientôt 60 ans.
Le rejet de ces visages du régime déchu a encore été donné à voir au moment de la constitution des différentes coordinations de campagne du Rassemblement Des Bâtisseurs (RDB), lesquelles coordinations ont été majoritairement boudées par les associations, certains leaders politiques et les populations, car infestées des PDGistes et des dignitaires des anciens régimes. Tenter de mépriser cette soif de rupture exprimée par le peuple gabonais qui vient de le plébisciter à plus de 90% des suffrages, serait un véritable affront de la part de Brice Clotaire Oligui Nguema à ce peuple, à l’aube de son premier mandat.