Gabon: pour les Bâtisseurs, ceux qui symbolisent les dérives du passé sont également ceux qui vont incarner l’avenir 

La présence de ces anciennes figures du PDG tout comme d’autres présentes dans toutes les provinces du Gabon donnent un signal clair, le Gabon devra encore composer avec ceux qui l’ont tué  ©MontageDépêches 241

Libreville, le 3 avril 2025 – (Dépêches 241). Après avoir cru à un possible changement lors de la chute du régime d’Ali Bongo Ondimba, c’est la désillusion totale qui semble habiter plus que jamais une frange du peuple, désormais persuadée que le renouvellement de la classe politique et la mise à l’écart des PDGistes tant clamés par le CTRI et son Chef n’auraient été que des paroles mielleuses pour se faire accepter et endormir les crédules. Si bien que ces mêmes PDGistes, qui ont siphonné les caisses de l’État hier, sont ceux que le Général-Candidat a choisi pour l’accompagner pendant la Transition, les mêmes qui gèrent également sa campagne présidentielle et, sauf miracle, les mêmes seront reconduits, s’il est élu Président de la République au soir du 12 avril prochain. Ce qui, pour certains, empêcherait d’entrevoir de façon claire un avenir reluisant. 

Alors que la Transition tire inéluctablement à sa fin, une certaine opinion gabonaise se dit avoir été flouée et totalement désillusionnée par le Président de la Transition Brice Clotaire Oligui Nguema, estimant que celui-ci n’a pas tenu plusieurs de ses promesses de rupture avec le système Bongo-PDG. Ainsi, la Restauration des Institutions annoncée en grande pompe par le CTRI, ne serait désormais qu’une simple vue de l’esprit et, par-dessus tout, la Restauration de la Dignité des Gabonais qui paraissait être une préoccupation majeure dans le programme du CTRI, s’est vraisemblablement mue en restauration des PDGistes.

D’autant que les mêmes personnalités politiques contre qui le Coup d’État à été fait sont, aujourd’hui encore, ceux qui tiennent les rênes de l’État. Aucun d’entre eux ne semble avoir été sanctionné.  Ils jouissent totalement de leur liberté, car ils n’ont jamais été inquiétés par de quelconques poursuites de la part de  la justice. Bien au contraire, ils sont nombreux à avoir été promus, aussi bien dans le Gouvernement, les différentes Institutions de la Transition et dans la haute administration de l’État.

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Ce qui donne chez les populations le sentiment que le Coup d’État du 30 août 2023 a été perpétré non pas pour sortir le Gabon de la gestion chaotique des affaires publiques par les PDGistes, mais bien contre la seule personne d’Ali Bongo Ondimba, sa femme Sylvia Bongo Valentin, son fils Nourredine Bongo Valentin et quelques uns de leurs proches plus connus sous le nom de la Young Team.  À ce sujet, le nouveau Président du Parti Démocratique Gabonais (PDG), Blaise Louembé avait déclaré sur RFI que « le PDG avait signé un pacte de non-agression avec le CTRI »

Une idée soutenue avant lui par Paul Biyoghe Mba, ancien hiérarque qui avait clairement fait savoir que les les PDGistes soutiennent Oligui Nguema pour maintenir leurs intérêts. « Le PDG doit être disposé à apporter son soutien responsable au Président du CTRI et au CTRI tout entier dès lors que nos intérêts au niveau du Parti sont garantis comme cela est bien perceptible actuellement », avait-il précisé. Ce qui renforce l’idée selon laquelle le CTRI aurait volontairement dupé le peuple gabonais pour amoindrir, voire éteindre sa soif de changement.

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Une réalité ubuesque quand on sait que le CTRI avait reposé la justification de son coup de force sur sa volonté à redresser les finances de l’État, la réduction drastique du chômage, la lutte contre la corruption, l’enrichissement illicite, l’impunité, les inégalités sociales, les injustices, etc. Des principes vertueux qui semblent aujourd’hui devenus dissonants aux oreilles des militaires au pouvoir. Préférant se draper derrière une fallacieuse inclusivité qui ne cache rien d’autre que l’étroitesse des liens qu’ils entretiennent avec le PDG et ses affidés. À telle enseigne que pour de nombreux observateurs politiques, il n’y aurait plus de CTRI sans PDG et inversement.

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Au regard de ce qui précède, il ne fait plus aucun doute que si le CTRI a reconduit sans exclusive l’ensemble des hiérarques du PDG qui eux-mêmes, reconnaissent avoir fait œuvre de mauvaise gestion et d’avoir maltraité le peuple gabonais, il va sans dire qu’il peinerait à donner une images de l’avenir autre que celle que ces fossoyeurs PDGistes qu’ils ont toujours incarné. Et cela démontre clairement une chose, ces mêmes PDGistes du passé seront ceux qui vont incarner l’avenir du Gabon. Il serait donc vain à ce stade, de croire à une possibilité de changement émanant du CTRI et de son Chef, s’il est élu Président de la République. Celui-ci ayant clairement déjà fait son choix de gouvernance, c’est-à-dire celui de la continuité. 

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