
Libreville, le 28 mars 2025 – (Dépêches 241). Dans un contexte politique plus que jamais incertain, l’opinion publique gabonaise, l’air médusé, se rend de plus en plus compte que le coup de force qui a déposé le régime d’Ali Bongo Ondimba, s’est fait non contre le Parti Démocratique Gabonais (PDG) accusé d’être responsable de tous les maux qui minent le pays, mais contre le peuple assoiffé de changement. Une réalité que le CTRI et le Président-Candidat, Oligui Nguema, semblent désormais assumer sous le prisme d’une inclusivité dévoyée, pernicieuse et illusoire.
Alors que le peuple gabonais croyait que le coup d’État perpétré le 30 août 2023, qui a porté le Général de Brigade, Brice Clotaire Oligui Nguema au pinacle de l’État allait mettre fin au régime précédent et instaurer une certaine rupture avec les PDGistes, dont l’idéologie a manifestement rivé vers l’instauration de la paupérisation et la clochardisation des populations, à son plus grand étonnement, c’est plutôt le contraire qui lui est servi aujourd’hui par les militaires au pouvoir. Le Président de la Transition ayant clairement marqué sa préférence au système dont il est lui-même issu, au détriment des exigences du peuple, pour lequel il dit avoir orchestré ce coup de Libération, oups, « la révolution de Palais »
D’ailleurs, dès le lendemain de ce coup de force, les premières nominations ont été faites en faveur des militants du Parti de masses. Institutions, haute administration en passant par le Gouvernement et aujourd’hui son équipe de campagne, les PDGistes semblent avoir tout raflé. Son président au comble de l’indécence et de l’injure au Peuple l’a lui-même signifié. « Nous n’avons rien perdu depuis le Coup de Libération », avait déclaré Blaise Louembe chez nos confrères de l’AGP.
Une alliance contre nature qui crédibilise l’hypothèse d’une révolution de Palais
Une situation ubuesque donnant le sentiment que le coup d’État n’a jamais eu lieu, et que, si en effet il y a eu coup d’État, il n’aurait pas été fait contre le Parti Démocratique Gabonais (PDG), ni contre ses hiérarques et contre tout ceux qui ont mis le pays à genou, lesquels n’ont jamais été inquiétés ni par les militaires au pouvoir, ni par la justice toujours sous influence. Bien au contraire, ils semblent s’être davantage enracinés dans les arcanes du pouvoir, au point où ils seraient devenus omniprésents dans toutes les strates de la gestion des affaires publiques, avec pour maître mot leur recyclage. On aurait dit que le CTRI serait désormais confondu avec le PDG. On aurait surtout dit que CTRI, comme cela se subsume dans une partie de l’opinion, serait en réalité et désormais le PDG en treillis.
Pour se justifier de cette duplicité politique d’un nouveau genre, le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, serait en train de vendre à l’opinion la captieuse idée d’une inclusivité. Or, dès ses premières prises de parole publique, il avait clairement indiqué qui étaient ceux qui avaient conduit à la dégradation multiforme du pays, estimant avoir libéré le peuple contre le système de captation des ressources du pays, contre la gestion calamiteuse des PDGistes et la spoliation systématique du peuple, qui ne permettaient plus d’entretenir le moindre espoir en un possible bien-être.
Quand ceux qui symbolisent les dérives du passé vont incarner l’avenir sous le CTRI
Malheureusement pour l’opinion, à la manière du crapaud qui se fait mordre par le scorpion, après avoir promis de ne pas le faire, s’il l’aidait à traverser la rivière sur son dos, alors que c’est sa nature, le Général-Président se serait fait consumer par les vaines parole des PDGistes. Contrairement à ses engagements de départ, l’homme de Ngouoni et du canton Bissok serait ainsi devenu plus prompt à se soumettre aux exigences de ces fossoyeurs de la République, plutôt qu’à la volonté populaire qui l’a acclamée pour avoir annoncé une supposée fin de règne de la dynastie Bongo-PDG.
Et selon certains observateurs de la vie politique nationale, le fallacieux prétexte d’inclusivité dont se prévaudrait aujourd’hui le Chef du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), pour justifier la trop grande présence de ces thuriféraires à tous les niveaux de la gestion de l’État, révélerait non seulement le caractère infondé des raisons qui ont conduit à ce prétendu coup de Libération, mais renforcerait même chez beaucoup l’idée que cet acte inconstitutionnel a été posé contre l’alternance et contre le Peuple gabonais.
À ce titre, pour annihiler dès lors les velléités de changement auquel aspirait le peuple et continuer à le maintenir sous amnésie et, ayant constaté que celui-ci n’allait pas cautionner un nouveau passage en force, au travers des résultats tronqués de l’élection de 2023, le Parti Démocratique Gabonais (PDG), à travers le pseudo coup de Libération, aurait simulé sa propre disparition, sa propre mort, dans l’objectif d’empêcher un changement véritable. Ce qui expliquerait aisément que ses membres soient massivement maintenus, exponentiellement promus aux hautes fonctions de l’État et impliqués au coeur de la campagne pour consacrer cette alliance contre nature, qui en définitive, vient de frapper du sceau de la forfaiture le coup de Libération du 30 août 2023 en trahissant, son esprit, ses idéaux et ses valeurs.