Gabon: Ebomaf pour 1000 milliards de contrats engrangés en 1 an sous le CTRI ?

L’emprise du Burkinabé Ebomaf sur les marchés gabonais majoritairement obtenus de gré à gré interpelle outre mesure © DR

Libreville, le 1er avril 2025 – (Dépêches 241). En seulement un an, le groupe burkinabè Ebomaf méconnu des gabonais, est devenu l’un des principaux bénéficiaires des marchés publics au Gabon, accumulant des contrats pour un montant avoisinant les 1000 milliards de FCFA. Entre la construction de l’aéroport d’Andem (220 milliards de FCFA), les projets routiers estimés à près de 700 milliards de FCFA et le rachat de la Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII), le groupe dirigé par Mahamadou Bonkoungou semble être devenu le partenaire privilégié des autorités de la Transition.

Le choix d’Ebomaf pour la construction du nouvel aéroport d’Andem soulève plusieurs questions. Alors que le pays peine à entretenir ses infrastructures existantes, l’attribution d’un projet de cette envergure à une entreprise étrangère, sans transparence sur les termes financiers exacts, suscite des interrogations. D’autant plus que le Gabon dispose déjà d’un aéroport international à Libreville, dont la modernisation aurait pu être une alternative moins coûteuse.

Le secteur routier n’est pas en reste. Avec un programme d’investissement massif de 700 milliards de FCFA, Ebomaf est au cœur des grands chantiers de réhabilitation et de construction d’axes stratégiques du pays. Si l’ambition affichée est de désenclaver plusieurs régions, les précédents en matière de réalisation de projets routiers sous d’autres régimes rappellent les risques de surfacturation et de gestion opaque des fonds publics.

Des marchés acquis sans appels d’offres ? 

Le rachat de la CNNII par Ebomaf ajoute une nouvelle pierre à l’édifice de son influence grandissante au Gabon. Une opération réalisée dans des conditions peu claires et qui interroge sur la stratégie du Gouvernement. Alors que la compagnie nationale de navigation était en difficulté, la question du coût réel de cette acquisition et des engagements pris par le groupe Burkinabé pour redresser l’entreprise demeure floue.

Sous la transition militaire Ebomaf de Mahamadou Bonkoungou semble agir avec des méthodes peu orthodoxes © DR

L’omniprésence d’Ebomaf dans les grands projets du pays nourrit le soupçon d’un favoritisme à peine dissimulé. Dans un contexte de Transition politique, où la refonte des institutions et la lutte contre l’opacité étaient annoncées comme des priorités, la concentration d’autant de marchés entre les mains d’une seule entreprise étrangère interroge sur la véritable volonté des autorités de rompre avec les pratiques du passé, non sans laisser poindre avec légitimité un soupçon de collusion.

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