Triple C confirmé pour le Gabon: Oyima parle stabilisation et de perspectives, Fitch exige des preuves

Le ministre de l’Economie a tenu à apporter des clarifications après le maintien de la note C par Fitch Ratings ©Montage Dépêches 241

Libreville, le 27 avril 2025 – (Dépêches 241). Malgré le maintien de la note souveraine du Gabon à triple C par l’agence Fitch Ratings le 20 juin 2025, le gouvernement gabonais veut y voir l’opportunité de mettre en lumière « une dynamique de stabilisation politique et économique en cours ». Dans son communiqué du 24 juin, le ministère de l’Économie, des Finances et de la Lutte contre la Vie chère affirme que cette évaluation « n’intègre pas encore totalement plusieurs signaux positifs ». Une manière polie de dire que l’agence de notation ne prendrait pas suffisamment en compte les efforts récents du pays. Pourtant, ce décalage entre perception politique et analyse financière souligne le chemin encore à parcourir pour transformer les intentions de réforme en indicateurs crédibles aux yeux des marchés.

Le ministère évoque par exemple la « réussite de la Transition politique et l’organisation d’élections présidentielles transparentes en avril 2025 », comme premier signal d’un retour à la normalité institutionnelle. Il s’agit, selon le communiqué, d’un facteur clé qui aurait « permis de rétablir un climat de stabilité institutionnelle et de renforcer la prévisibilité de la trajectoire économique du pays ». Or, pour les agences de notation, la stabilité politique est certes un prérequis, mais elle ne suffit pas sans une amélioration tangible des fondamentaux économiques. 

Croissance soutenue, discipline budgétaire prouvée, solvabilité externe. Sur tous ces fronts, le Gabon peine encore à convaincre. Le deuxième levier avancé par le gouvernement est « l’engagement du nouveau Gouvernement de la 5e République à rétablir les équilibres budgétaires hors investissements dès 2026 ». Pour Oyima and Co. Il y’a là « une volonté ferme de renforcer la discipline budgétaire et d’assurer la soutenabilité de la dette publique ». Cet engagement est louable certes, mais demeure théorique. 

LIRE AUSSI: Gabon: Fitch maintient le triple C et alerte à son tour sur la situation économique du pays 

Les efforts pour maîtriser les dépenses courantes, assainir les comptes publics et générer des excédents primaires durables sont encore timides voire insuffisants, tandis que les dépenses sociales et les pressions sur la masse salariale restent élevées. La récente institutionnalisation des dérives au sein des cabinets ministériels et présidentiels le démontre largement. Autre argument avancé, « la perspective d’un réengagement avec les partenaires financiers locaux, régionaux et internationaux », rendue possible par « l’adoption progressive de réformes ambitieuses en matière de bonne gouvernance, de lutte contre la corruption, de gestion budgétaire et de transparence des finances publiques », ajoute le communiqué. 

Cette formulation reflète une volonté de réassurance vis-à-vis des bailleurs, mais elle laisse en suspens une question essentielle: quelles sont, concrètement, ces réformes engagées depuis la Transition ? Pour l’instant, aucun texte de loi structurant, aucun plan d’assainissement rigoureux ou initiative anticorruption d’envergure n’a été suffisamment avancé pour marquer une rupture dans la gouvernance économique du pays.

 Le ministère met en avant beaucoup de choses mais peu d’actes. Pas de preuves. Le stock de dettes échues, les tensions de trésorerie récurrentes et l’exposition aux prêts bancaires locaux continuent de peser sur la marge de manœuvre de l’État, limitant sa capacité à investir ou à répondre à des chocs exogènes. Et c’est là tout le problème.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*