Gabon : Oligui peut-il résoudre la crise de l’eau et de l’électricité avec des infrastructures obsolètes et des contrats opaques ?

Oligui Nguema, Président de la Transition est très attendu sur le défi énergétique © DR

Libreville, le 1er avril 2025 – (Dépêches 241). L’accès à l’eau potable et à l’électricité demeure un enjeu crucial pour le Gabon, et le projet de société de Brice Clotaire Oligui Nguema place cette problématique au cœur de ses priorités. Cependant, dans un pays où les infrastructures vieillissantes peinent à répondre aux besoins de la population, les promesses d’amélioration risquent de se heurter à la dure réalité. L’annonce de nouveaux investissements pour étendre et moderniser l’accès à ces services essentiels semble être un exercice de communication face à un système déjà largement dysfonctionnel, sans garantie que ces projets seront menés à bien.

Les promesses d’Oligui Nguema d’élargir la couverture en eau et en énergie à l’ensemble du territoire, notamment en zone rurale, semblent ne pas prendre en compte les énormes obstacles structurels. La lenteur administrative, la bureaucratie et la gestion inefficace des ressources existantes continuent de freiner toute avancée. De plus, les projets de nouvelles stations de traitement de l’eau ou de centrales électriques risquent de souffrir du manque d’une véritable stratégie à long terme, tout en restant tributaires d’un système d’administration vieillissant et peu transparent.

Une des priorités affichées par le programme d’Oligui Nguema est l’exploitation des énergies renouvelables, notamment l’hydroélectricité et le solaire. Pourtant, dans un pays encore trop dépendant des sources d’énergie fossile et dont les infrastructures énergétiques sont obsolètes, la transition énergétique semble relever plus de l’utopie que d’une mise en œuvre concrète. Si le pays souhaite réellement entamer cette transition, des investissements massifs et une refonte totale du secteur sont nécessaires, mais la question demeure : où trouver les fonds dans un contexte de gestion des ressources qui laisse largement à désirer ?

L’opacité du contrat avec le turc Karpowership, un autre élément de pessimisme ?

Le projet de réforme prévoit également une refonte de la gouvernance des entreprises publiques responsables de l’eau et de l’électricité, mais là encore, les défis sont colossaux. La gestion opaque de ces entités a été un problème récurrent, et les promesses d’une meilleure transparence semblent bien faibles face aux pratiques bien ancrées du népotisme, de la gabegie financière et de l’inefficacité. À moins d’une révolution dans la manière de gouverner ces secteurs, les résultats risquent de ne jamais être au rendez-vous.

Un autre poids financier qui alourdit sérieusement les finances publiques est le contrat signé avec Karpowership, dont le coût mensuel pourrait atteindre entre 6 et 7 milliards de FCFA. Un montant dont l’opacité qui l’entoure ne fait qu’aggraver la situation. Ces sommes colossales, consacrées à la production d’énergie par des centrales flottantes, semblent venir alourdir une masse salariale déjà en forte croissance et un budget où les priorités sont souvent mal définies. Dans un tel contexte, il paraît difficile d’imaginer un véritable changement dans la gestion de l’eau et de l’électricité, si ce n’est au prix d’un endettement massif et d’une gestion encore plus opaque des fonds publics. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*