Libreville, le 14 mars 2025 – (Dépêches 241). Pour de nombreux observateurs, la scène politique gabonaise serait définitivement un bal de sorciers. C’est ce qui semble se confirmer depuis hier 12 mars 2025, avec l’installation de Anges Kevin Nzigou à la tête de la Coordination Générale du Rassemblement des Bâtisseurs, mouvement politique infesté de manière inflationniste de PDGistes, lancé il y a peu par Brice Clotaire Oligui Nguema. Une nomination difficilement compréhensible dans l’opinion, au regard de l’hostilité manifeste de l’éminent avocat à l’endroit du Parti Démocratique Gabonais (PDG) et de ses membres.
Si Anges Kevin Nzigou s’est toujours démarqué pour ses prises de parole sans fioritures contre le pouvoir déchu d’Ali Bongo Ondimba, son irrévocable capacité à défendre bec et ongle ses clients devant les tribunaux et, depuis l’avènement de la Transition, pour son soutien mesuré et prudent au CTRI, accepter, même pour des raisons de campagne présidentielle, de diriger la Coordination Générale du Rassemblement des Bâtisseurs, passe très mal dans l’opinion.
Pourtant, il est vrai que ce brillant avocat a souvent nourri une profonde aversion à l’endroit des PDGistes, qu’il a régulièrement tenu pour responsables de la situation déplorable que connaît le Gabon depuis des décennies. « Si vous mettez fin à un régime, vous ne pouvez pas prendre les mêmes instruments et les acteurs du même régime qui vont, eux, participer à la réforme des institutions qui est votre mission principale », se plaisait-il à dire dans une interview accordée à TV Plus Afrique le 07/09/2024.
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Dans ce sens, il devient difficile pour les gabonais de comprendre comment une des rares personnes dont les opinions politiques semblaient reposer sur des convictions robustes et gardées intactes jusqu’à présent, en serait venu à accepter de travailler avec ceux qu’il considérait, il y a peu encore, comme les pires exemples en terme de gestion des affaires de l’État et des deniers publics. Un positionnement qui passe pour être contre nature chez certaines personnes déçues, mais qui est sans nul doute perçu comme une victoire pour l’état-major du Parti Démocratique Gabonais (PDG), lequel vraisemblablement, vient de porter un coup à un de ses plus farouches détracteurs. En football, on dit que la clause libératoire a été payée.
Toutefois, s’il est avéré que l’univers de la politique en général, et celui du Gabon en particulier, se fait souvent remarquer par de surprenantes alliances à la veille de chaque élection présidentielle, ce ralliement politique de Maître Nzigou pose de légitimes questions quant à la probité morale des hommes politiques dont dispose le Gabon. Une caste d’individus qui ne semblent avoir ni envergure, ni intégrité, mais seraient enclins à jouer invariablement les premiers et les seconds rôles, en fonction des circonstances politiques, mais surtout et toujours au mépris du peuple gabonais, grâce auquel ils acquièrent une certaine notoriété.
Certes, depuis le début de la Transition, il était difficile de véritablement situer le Secrétaire Exécutif du Parti Pour le Changement (PLC), tant il brillait par sa posture ambivalente, qui faisait que tantôt il assumait d’être un soutien affirmé des autorités de la Transition, tantôt il s’y opposait en y dénonçant les dérives. En acceptant ce poste, l’opinion en est dorénavant fixée.
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Eu égard à ce qui précède, de nombreux gabonais se demandent: maintenant qu’il y est officiellement installé, quelle serait sa posture vis-à-vis de ceux qu’il a dénoncés hier? Noyé dans les abysses des manœuvres de son désormais nouveau camp, pourrait-il à nouveau hausser librement le ton ? Mieux, le travail de campagne au sein de cette coordination se ferait-il sereinement avec ses nouveaux amis ? Mais une chose est certaine, l’atmosphère promet fortement d’être électrique dans cette équipe de campagne, si les uns et les autres demeurent campés sur leurs positions.
Ce qui pourrait constituer un véritable achoppement dans le déroulement de la campagne du Président de la Transition. Et comme Anges Kevin Nzigou l’a si bien souligné du temps sa période de lucidité, « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent »
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