Ve République: c’est enfin notre essor vers l’obscurité ? 

Le Président de la République, Chef du gouvernement qui a promis la félicité au Peuple Gabonais lui sert pour l’heure une vie sans eau et sans électricité ©MontageDépêches 241

Libreville, le 2 juin 2025 – (Dépêches 241). L’essor vers la félicité, naguère slogan du Comité de Transition pour la Restauration des Institutions (CTRI), semble désormais en total décalage avec la Ve République pourtant annoncée avec faste par le président de la République, chef de l’État, chef du gouvernement, Brice Clotaire Oligui Nguema. Cela se donne clairement à voir à travers les délestages intempestifs d’eau et d’électricité auxquels sont confrontées les populations du Grand Libreville, mais aussi celles de nombreuses localités de l’intérieur du pays, et ce, malgré les sommes faramineuses que l’État verse chaque mois à Karpowership, l’industriel turc et ses bateaux à la recette miracle. Une situation particulièrement préoccupante, qui donne l’impression d’un essor finalement et résolument engagé vers l’obscurité.

Alors que les nouvelles autorités ne cessent d’affirmer que le bien-être des Gabonais constitue la clé de voûte de la gouvernance de la Ve République, il n’est pas rare de constater que cette dernière peine, dès son entame, à concrétiser ses promesses, ne serait-ce qu’en assurant les services les plus élémentaires : l’eau et l’électricité garanties par la nouvelle Constitution. À croire que les engagements pris par le président Oligui Nguema devant le peuple gabonais, tant pendant la campagne présidentielle que lors de sa prestation de serment, n’avaient qu’un but électoraliste. Aucune politique claire ne semble être envisagée pour résorber le déficit énergétique chronique auquel fait face la SEEG depuis des décennies, laissant les ménages et les entreprises livrés à des coupures incessantes.

Pour nombre d’observateurs, la situation énergétique actuelle du pays est devenue catastrophique, voire chaotique. Les décisions politiques prises par les autorités compétentes ne visant pas à éradiquer durablement les délestages quotidiens, mais à colmater quelques brèches de façon provisoire. Ce qui, au regard de la demande croissante, reste largement insuffisant. Pire, ces solutions dites « d’urgence », aussi coûteuses qu’inefficaces, appauvrissent davantage le pays. Au lieu de mettre en place des mécanismes bien pensés pour financer des projets structurants capables de renforcer la production énergétique de la SEEG, on multiplie les palliatifs ruineux, empêchant ainsi l’instauration d’une réelle souveraineté énergétique à laquelle la Ve République prétend pourtant aspirer.

Karpowership, 2 milliards de Francs CFA par mois, pour dormir et se lever dans l’obscurité 

Le plus troublant, selon certaines indiscrétions, est qu’une certaine stabilité semblait s’être installée depuis la signature de la convention entre l’État gabonais et Karpowership, qui fournit 70 MW à la SEEG, alors placée sous administration provisoire, au prix faramineux de 2 milliards de francs CFA par mois, hors carburant. Seulement, depuis la fin de cette administration provisoire annoncée par la secrétaire générale de la présidence de la république, madame Murielle Minkoue, épouse Mintsa, les coupures d’eau et d’électricité se sont multipliées, notamment celles liées à l’électricité, dont l’ampleur a explosé dès le soir même de la rétrocession. 

Sans crier gare, le gouvernement a crié au sabotage, fondé sur l’idée qu’un groupe d’individus saboteraient les efforts du chef de l’Etat. Dans la foulée, il a  annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire pour appréhender les « saboteurs ». Une manœuvre grossièrement perçue comme une tentative de manipulation de l’opinion publique, visant à masquer l’incompétence notoire de ce premier gouvernement de la Ve République. 

Une équipe gouvernementale apathique, dépassée par la situation ?  

Les problèmes structurels de la SEEG sont pourtant bien connus, tant du gouvernement que de l’ensemble des citoyens. Depuis des décennies, la société n’a pas suffisamment investi dans la modernisation de ses équipements, n’a pas construit de nouvelles unités de production et n’assure pas correctement l’entretien de son matériel, aujourd’hui vétuste voire obsolète. Pendant des dizaines d’années, les actionnaires se sont contentés d’empocher d’importants dividendes, délaissant complètement le volet investissement, pourtant crucial pour la performance et la pérennité de toute entreprise. À cela s’ajoutent les impayés de l’État, qui doit plusieurs milliards à la société.

Face à toutes ces difficultés, au lieu de donner une nouvelle orientation à la SEEG, axée sur des investissements massifs dans les infrastructures de production, de transport, de transformation et de distribution d’électricité, les autorités se contentent de bricoler avec des solutions de fortune que même le régime précédent avait eu la lucidité de refuser. La résurgence des délestages alimente ainsi un scepticisme généralisé au sein de la population, continuellement ballotée entre les promesses gouvernementales et la dure réalité du terrain. À l’image d’un capitaine croyant pouvoir colmater la coque fissurée de son navire en pleine mer avec de simples incantations, les déclarations du vice-président du gouvernement, Alexandre Barro Chambrier,  affirmant vouloir mettre un terme définitif aux délestages d’ici 2027, résonnent comme un mensonge grotesque. 

Ainsi, les engagements du chef de l’État Bric Clotaire Oligui Nguema et de son équipe, qui ne cessent de chanter à qui veut l’entendre leur volonté de conduire le pays vers un « essor vers la félicité », semblent désormais n’être qu’un chapelet de bonnes intentions sans lendemain. Car la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG), en situation de monopole absolu, paraît bel et bien engagée sur la voie d’un essor vers l’obscurité. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*