Déguerpissements indécents: face au désastre humanitaire silencieux, Bilie-by-Nze dénonce un « sadisme d’État »

Alain-Claude Bilie-by-Nze, dernier Premier ministre d’Ali Bongo Ondimba dénonce une déshumanisation des populations par le nouveau régime  © DR

Libreville, le 30 juin 2025 – (Dépêches 241). Alors que les bulldozers continuent de gronder dans les quartiers de Plaine-Orety, derrière l’Assemblée nationale et dans d’autres zones de Libreville, les Gabonais assistent, impuissants, à une vague de déguerpissements sans précédent. Orchestrées par le premier Gouvernement de la Ve République, ces opérations brutales révèlent un profond amateurisme dans la gouvernance actuelle. En effet, aucune mesure d’accompagnement ne semble avoir été prévue pour les milliers de citoyens jetés à la rue, sans relogement ni indemnisation pour beaucoup, laissant place à un désastre humanitaire silencieux. 

Cette approche de l’exercice du pouvoir, dépourvue de planification sociale, semble traduire une volonté manifeste de précariser les populations les plus vulnérables. À travers ces expulsions menées avec froideur, un malaise plus profond s’installe : celui d’un État qui, sous couvert de rénovation urbaine, semble prendre un plaisir malsain à détruire les acquis déjà fragiles de son peuple. Pour certains observateurs, il s’agirait d’un calcul cynique visant à rendre les citoyens totalement dépendants des aides publiques, afin de mieux les contrôler et d’asseoir une domination politique fondée sur la peur et la misère.

C’est dans ce contexte explosif qu’Alain-Claude Bilie-by-Nze, dernier Premier ministre d’Ali Bongo Ondimba, est monté au créneau. Indigné par ce qu’il qualifie d’inhumanité institutionnalisée, il déclare : « Jeter à la rue des milliers de personnes, sans solution de relogement, sous prétexte d’amélioration du cadre urbain, va bien au-delà de l’inhumanité : c’est du sadisme d’État », a-t-il d’abord déclaré. Par ces mots, l’ancien chef du gouvernement dénonce non seulement la violence des actes, mais aussi leur caractère volontairement destructeur.

Bilie-by-Nze pointe également du doigt l’attitude silencieuse, voire complice, de plusieurs institutions morales et politiques du pays. Selon lui, les responsables des principales confessions religieuses, ainsi que nombre d’acteurs politiques, brillent par une passivité coupable face à la souffrance de ceux qui les ont portés au pouvoir. Il affirme sans détour : « Le silence des institutions, des acteurs politiques et des autorités morales face à ce désastre social est déjà incompréhensible. Sa persistance relèverait de la complicité », s’est-il exclamé en concluant. Une déclaration forte qui met en lumière l’isolement progressif du peuple dans sa détresse. 

Ces propos viennent renforcer le sentiment d’abandon généralisé ressenti par les sinistrés, qui voient s’effondrer leurs habitations, mais aussi leur dignité. Pendant que les autorités de la Transition vantent un futur meilleur au nom de l’ordre urbain, la réalité sur le terrain révèle une gestion brutale, dépourvue d’empathie, et profondément déconnectée des exigences sociales d’un pays en reconstruction.

Face à la radicalité des déguerpissements menés sans humanité, la sortie d’Alain-Claude Bilie-by-Nze jette une lumière crue sur les dérives autoritaires d’un pouvoir en quête de légitimité. En parlant de « sadisme d’État », il met en accusation une gouvernance de la Transition qui semble avoir confondu réforme et répression. Le peuple, lui, attend des actes de justice, de réparation, mais surtout d’humanité. 

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