Gabon: d’un « ballon d’essai » de 63 milliards à un emprunt de 85 milliards sur le marché obligataire, une gestion populiste des finances publiques 

Après avoir injecté 63 milliards sans contrôle dans les provinces, le gouvernement a effectué un emprunt obligataire de 85 milliards de Fcfa © DR

Libreville, le 18 avril 2025 – (Dépêches 241). Avant de se tourner vers la levée de 85 milliards de FCFA sur le marché régional, l’État gabonais, dirigé par le général Brice Clotaire Oligui Nguéma, a réalisé une distribution controversée de 63 milliards de FCFA à travers tout le pays, qualifiée de « ballon d’essai ». Cette initiative, sans plan d’investissements précis et sans fondement structuré, a suscité de vives critiques sur la gestion des finances publiques du pays. Aujourd’hui, alors que le Gabon cherche à mobiliser 85 milliards de FCFA via un emprunt obligataire, la question demeure: quel est le véritable plan derrière ces mouvements financiers ? 

Le lancement de l’emprunt obligataire « EOG 2025 à tranches multiples », d’un montant global de 85 milliards de FCFA, marque une approche plus formalisée et structurée du financement public. En divisant l’emprunt en deux tranches (une à 2 ans avec un taux d’intérêt de 5,6% et une autre à 3 ans avec un taux de 6%), le gouvernement cherche à répondre aux besoins de financement tout en offrant aux investisseurs régionaux une opportunité attrayante. Ce processus, encadré par des acteurs financiers de la CEMAC, met en avant une démarche plus rigoureuse, adaptée à un marché financier régional, et semble plus cohérent avec les enjeux du pays. 

Cependant, cette levée de fonds intervient après une distribution de 63 milliards de FCFA à titre expérimental, qui ne semble pas s’inscrire dans une stratégie financière claire. En effet, cette allocation de fonds, présentée comme un « ballon d’essai », a été opérée sans aucune vision de projet à long terme et sans objectifs de développement précis. Cette incohérence entre une gestion financière improvisée et la recherche d’un emprunt obligataire structuré laisse planer des doutes sur la rigueur de la gestion publique gabonaise. 

Le contraste entre les deux initiatives est frappant. D’un côté, l’emprunt obligataire est une opération qui, bien qu ‘offrant des rendements compétitifs, nécessite des garanties de transparence et d’utilisation efficace des fonds levés. De l’autre, la distribution précipitée de 63 milliards de FCFA soulève des interrogations sur la capacité du gouvernement à structurer ses politiques économiques et à gérer les ressources publiques de manière responsable. Le financement du développement national passe par des réformes économiques solides et des investissements bien ciblés, mais aussi par une meilleure gestion des dépenses publiques. 

Le gouvernement gabonais, en quête de fonds pour financer ses projets de développement, doit désormais prouver qu’il est capable de tirer des leçons de son passé. Les 85 milliards qu’il espère lever ne doivent pas servir à masquer des déficits budgétaires ou à combler des failles de gestion antérieures. Les investisseurs, notamment ceux de la région CEMAC, attendent des preuves tangibles que ces fonds seront utilisés à bon escient pour financer des projets générateurs de croissance et de prospérité durable pour le pays. 

Ainsi, si la démarche de l’emprunt obligataire marque un tournant dans la gestion financière du Gabon, elle ne peut effacer les faiblesses manifestes de la distribution de 63 milliards de FCFA. L’État gabonais doit impérativement démontrer qu’il est désormais sur la voie d’une gouvernance économique sérieuse et transparente, en alignant ses pratiques financières avec les exigences de développement durable et de bonne gestion publique. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*