Gabon: Akure-Davain, l’homme qui n’a que faire « des Institutions fortes parce qu’on ne les mange pas » nommé Ministre de la Justice

Séraphin Akure-Davain hérite du Ministère de la Justice, Garde des Sceaux et des Droits Humains dans ce 1er gouvernement de la Ve République © DR

Libreville, le 06 mai 2025 – (Dépêches 241). Dévoilé hier en après-midi, le premier Gouvernement de la Ve République Gabonaise continue de susciter analyses et interprétations. Parmi les nominations les plus inattendues, celle de Séraphin Akure-Davain au Ministère de la Justice, Garde des Sceaux et des Droits Humains. Pour une certaine opinion, porter le natif de Lambaréné à la tête du Département Justice soulève de vives inquiétudes, au regard de ses déclarations récentes qui laissaient clairement entendre que le Gabon n’avait pas besoin « d’Institutions fortes, car on ne les mange pas ». Des propos qui ont provoqué un tollé et conduisent aujourd’hui l’opinion à émettre des réserves sur l’éthique et la capacité de cette personnalité à diriger avec rigueur et objectivité ce département hautement important pour une Nation et pour l’Etat de droit.  

« Les institutions fortes mais pour quoi faire? (…) On ne mange pas la Constitution, on ne mange pas les Institutions », a récemment déclaré Séraphin Akure-Davain, lors de son passage à l’émission le débat présidentielle, sur les antennes de la première chaîne de télévision. Des déclarations qui ont heurté l’opinion, au regard des idéaux fermement et longuement défendus par leur auteur. En effet, naguère opposant farouche au régime d’Ali Bongo Ondimba, les actes et les discours de Séraphin Akure-Davain militaient en permanence pour la défense de la démocratie, de la justice sociale et du respect de l’État de droit.

Finalement, au cours de sa trajectoire, l’image de l’homme politique exemplaire soucieux du respect de la démocratie et de l’État de droit, qu’il a toujours mise en avant se trouve pour certains n’être qu’un mirage. Car, l’opinion se souvient encore de sa caution donnée au régime agonisant d’Ali Bongo Ondimba en 2023, en allant participer à un dialogue inique qui avait consacré le retour à l’élection présidentielle à un tour, l’introduction du bulletin unique et bien d’autres entraves à la démocratie. 

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Pire, l’homme de Lambaréné, ancien cadre du Parti politique Les Démocrates de Guy Nzouba Ndama, avait créé le 11 mai 2023 son Parti, Les Démocrates Libres, après de nombreuses dissensions avec l’homme de Koulamoutou, en emportant avec lui d’autres cadres de la formation politique de l’ancien Président de l’Assemblée nationale, vraisemblablement dans le but d’affaiblir l’influence de celui qu’on appelle affectueusement « Mukombo ». Une démarche qui en dit long sur les principes et les valeurs défendus par le nouveau promu.

Aujourd’hui, l’annonce de la nomination de Séraphin Akure-Davain comme Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, du premier Gouvernement post-transition, suscite donc légitimement de vives inquiétudes. En effet, plusieurs Gabonais se demandent comment on peut mettre l’institution judiciaire entre mes mains qui n’a que faire de la grandir d’une institution.

En soutenant dernièrement l’inutilité des Institutions fortes, « parce qu’on ne les mange pas », celui qui se présentait encore il y a peu comme un fervent défenseur de la démocratie, de la bonne gouvernance et de l’État de droit, soulève de sérieux doutes sur sa capacité véritable à administrer l’institution judiciaire gabonaise, en proie à de très sévères difficultés depuis de nombreuses années, telles que son indépendance, ses rapports incestueux avec l’Éxécutif, la corruption qui gangrène le milieu judiciaire et les revendications du synamag.

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