
Libreville, le 30 Juin 2025 – (Dépêches 241). L’air était chargé d’émotion à l’aéroport international Léon-Mba. C’est sous les acclamations de ses partisans que Raymond Ndong Sima, ancien Premier ministre de la transition, a foulé à nouveau le sol gabonais, ce 29 juin, après un séjour médical à l’étranger. Mais derrière le sourire de façade et les accolades chaleureuses, plane l’ombre d’une vengeance annoncée : celle des fameux « missiles Kappa » promis contre les leaders de la société civile, accusés d’avoir orchestré son lynchage médiatique en l’accusant d’etre au coeur des déguerpissments inhumains orchestrés par le nouveau régime.
Ndong Sima n’a rien oublié. Ni les accusations portées contre lui dans l’affaire des déguerpissements musclés des quartiers « Plaine Orety » et « Derrière l’Assemblée nationale », ni la cabale dont il s’estimait victime. Plusieurs milliers de foyers réduits à l’état de gravats, des familles jetées à la rue, et une opinion publique en émoi : le dossier a fait couler beaucoup d’encre et de larmes. Pointé du doigt comme le cerveau de cette opération, l’ex-Premier ministre avait, depuis son exil médical, juré de laver son honneur et de « s’offrir la tête » de ses détracteurs, à coups de procédures judiciaires.
Mpaga, Aminata & Cie : Vers le Procès annoncé ?
Les regards se tournent désormais vers Pierre Mintsa, Georges Mpaga, Aminata et les autres figures de proue de la société civile. Seront-ils bientôt convoqués à la barre, sommés de répondre de leur « cabale » contre l’ex-chef du gouvernement ? Raymond Ndong Sima avait promis une riposte « sans appel », brandissant la menace d’un recours à la justice pour « rétablir la vérité ». Mais la réalité du terrain politique gabonais est souvent plus nuancée que les envolées lyriques.
Si la tentation de l’affrontement judiciaire est grande, Raymond Ndong Sima sait aussi que la société civile gabonaise, forte de son influence et de ses réseaux, n’est pas un adversaire facile à abattre. Les procès en sorcellerie, si fréquents sous nos tropiques, se transforment parfois en boomerangs dévastateurs pour leurs initiateurs. Le peuple, lui, observe, jauge, et attend de voir si l’ancien Premier ministre tiendra parole ou s’il choisira la voie de l’apaisement.
Au final, le come-back de Raymond Ndong Sima s’apparente à celui d’un phénix renaissant de ses cendres, mais dont les ailes sont lestées d’un lourd passif. Déterminé à laver l’affront, il devra néanmoins composer avec une société civile aguerrie et une opinion publique en quête de justice, pas de règlements de comptes. Les prochains jours s’annoncent décisifs : les « missiles Kappa » seront-ils tirés, ou resteront-ils à l’état de menace ?
Une chose est sûre : Libreville retient son souffle, et la saga Raymond Ndong Sima, semble t-il, ne fait que commencer.