Gabon: après avoir reconnu l’existence des procurations illégales, Immongault va-t-il valider une élection qu’il sait volée et tronquée ? 

Le Ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, a reconnu des irrégularités majeures entachant le scrutin du 27 septembre © DR

Libreville, le 2 octobre 2025 – (Dépêches 241). Dans une circulaire adressée aux commissions électorales locales, le Ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, a reconnu des irrégularités majeures entachant le scrutin du 27 septembre. En admettant l’usage frauduleux de procurations, le président de la CNOCER expose le processus électoral à une crise de légitimité, remettant en cause la sincérité du vote et l’intégrité des institutions censées le garantir.

Par ce geste, Hermann Immongault ne se contente pas de signaler de simples dysfonctionnements administratifs. Il acte, de manière formelle, l’existence de manœuvres frauduleuses en totale contradiction avec les dispositions du Code électoral gabonais, notamment ses articles 146 à 148. Des électeurs porteurs de multiples procurations, des carnets circulant entre des mains non habilitées : autant de pratiques illégales qui sapent les fondements du processus démocratique. Une telle admission engage la responsabilité pleine et entière de l’État, tant au niveau administratif que judiciaire.

Il apparaît, en outre, que ces pratiques ont essentiellement profité  à l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), Parti présidentiel, accusé d’avoir orchestré un recours massif aux procurations irrégulières et au transport organisé d’électeurs. Le cas de la localité de Ndendé illustre, de manière édifiante, ces dérives : témoignages et anomalies flagrantes laissent entrevoir une opération de manipulation électorale d’une ampleur préoccupante. Ces faits, s’ils restent sans suite, jetteront une ombre durable sur la sincérité du scrutin.

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Dès lors, une question cruciale se pose : comment le régime de la Ve République, né d’une volonté affichée de rupture avec les pratiques anciennes, pourrait-il entériner une élection qu’il sait entachée de fraudes ? Quelle légitimité Brice Clotaire Oligui Nguema peut-il encore revendiquer s’il choisit de fermer les yeux sur une telle dérive ? Quant au Ministre Immongault, sa position devient intenable : reconnaître la fraude tout en validant les résultats, c’est s’exposer à une crise morale et institutionnelle dont les conséquences pourraient s’avérer profondes.

Dans un contexte où le peuple gabonais espérait un véritable renouveau démocratique, l’issue de cette affaire sera déterminante. Une élection irrégulière ne saurait servir de socle à une République qui se veut exemplaire. À moins que les engagements de transparence, de changement et de rupture n’étaient que des vœux pieux et qu’en réalité le régime militaire a mis un terme à une imposture pour mieux la porter. 

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