
Libreville, le 16 février 2022 (Dépêches 241). Daniella Angue, une jeune enseignante de philosophie en service à Mimongo (Ngounié) est décédée le dimanche 13 février dernier. 14 mois après son affectation, elle ne percevait toujours pas son salaire de ce fait, elle était dans l’incapacité de se soigner alors qu’elle était souffrante.
Son histoire, résumée dans une lettre post-mortem, qui a fait le tour de la toile gabonaise a plongé le pays dans l’émoi. Affectée depuis près de 14 mois dans le village de Mimongo situé dans la province de la Ngounié, Daniella Angue, une enseignante de philosophie qui était souffrante est décédée dimanche dernier, incapable de se soigner car privée du fruit de son travail. Sa rémunération, son droit pourtant le plus légitime.
Ce drame met de nouveau à nue les insuffisances du gouvernement caractérisées par une absence criarde de véritable politique éducative et pédagogique comme dénoncé par Marcel Libama enseignant et acteur de la société civile. Il consacre surtout les carences et les défaillances conjuguées, du premier ministre Rose Christiane Ossouka Raponda, ainsi que celles de son ministre de l’Education nationale, Patrick Daouda Mouguiama. Lesquels, du fait de leur laxisme, ont pour ainsi dire, livré à la mort Daniella Mengue, en la privant de salaire. Ceci, alors que cette jeune gabonaise souhaitait simplement servir son pays, à travers la formation de ses compatriotes. Mieux, ce décès révèle les carences de tout un système, une administration finalement incapable de valoriser et de récompenser ses propres élites.
Une situation, un drame qui est loin d’être un fait isolé. Ce n’est pas la première fois que la permissivité et l’incompétence presque meurtrière de l’Etat gabonais livrent un compatriote à la mort. Il y a quelques années, Marius-Pierre Foungues s’était donné la mort dans les locaux de la maison Georges Rawiri en se pendant avec le drapeau national. À l’époque déjà, le célèbre animateur de Radio Gabon, avait par ce symbole souhaité interpeller les autorités, concernant les conditions de vie des anciens et nouveaux fonctionnaires, clochardisés par l’État.
A l’instar de Daniella Angue, feu Marius-Pierre Foungues avait laissé une lettre post-mortem éloquente dans laquelle la teneur ne laissait entrevoir qu’un seul message « Mort pour le Gabon à cause du Gabon ». Cette même Nation que les deux compatriotes aimaient profondément, mais qui en définitive, en raison de la situation et de la condition miséreuse dans laquelle elle les avait plongés, sera finalement à l’origine de leur passage de vie à trépas.
Dans ce contexte, la question que l’on peut se poser est celle de savoir combien de morts devrait-on enregistrer avant que l’État ne saisisse l’importance de rémunérer à leurs juste valeurs les fonctionnaires ? Ce d’autant que des Daniella Mengue et des Marius-Pierre Foungues, il en existe des milliers au Gabon.