Doutes sur la réussite de la transition: Et si Bilie-By-Nze n’avait pas totalement tort ? 

L’ancien 1er ministre d’Ali Bongo a émis des doutes qui ne sont pas saugrenues sur la réussite de la transition ©DR

Libreville, le 16 janvier 2023 – (Dépêches 241). La semaine dernière Alain-Claude Bilie By-Nze, ancien Premier ministre du gouvernement déposé le 30 août 2023, dans un post publié sur sa page Facebook officielle, émettait des doutes quant à la capacité du Comité de Transition et de Restauration des Institutions (CTRI) à mener à bien son projet politique de transition. Les réactions qui s’en sont suivies n’ont pas été les moindres : entre injures notoires, diabolisation et désir de le voir mis aux supplices, tout a été dit à son encore. Mais aurait-il pu en être autrement pour une opinion publique comme la nôtre ? Ici le doute est bien permis. 

D’abord parce que l’opinion « pense mal », il est de coutume que l’émotion ou l’euphorie soit ce qui la meut et oriente ses facultés de jugement. Cela est encore plus compréhensible dans le cas de notre pays où la détestation des grandes figures de l’ancien régime reste vive et presque viscérale. Et Bilie Bi-Nze, au regard des rôles joués tout de long du règne d’Ali Bongo cristallise cette detestation de la part de l’opinion. Et c’est peut-être là qu’est le problème de fond, cette incapacité de l’opinion à dépasser sa haine des corps. Seulement, et on le reconnaîtra volontiers, sur l’espace public, l’ancien porte-parole de la Présidence de la République n’est pas qu’un visage. 

On a beau vouloir se ranger du côté de la multitude pour remettre Bilie By-Nze à sa place comme on dit habituellement, mais le devoir d’objectivité nous oblige. Il nous oblige tout au moins à lui accorder le bénéfice du doute, car, sa grande expérience politique, et le talent paradoxal qu’on lui reconnaît dans ce domaine, sont d’assez bons gages à cet effet. On peut donc faire l’hypothèse qu’il connaît mieux que nous certains enjeux. À l’évidence, il reste dans les équipes dirigeantes actuelles, tous secteurs confondues, plus de pédégistes que de personnalités issues de l’opposition ou de la société civile. 

Ainsi, même sans avoir raison, on ne peut pas considérer que Bilie-By-Nze ait tort au regard des seuls faits. La justice à deux vitesses qui enferme certains tandis que d’autres restent en liberté, les nominations de personnalités controversées à des postes majeurs, les incohérences dans les postures, la reprise factuelle et symbolique des mêmes catégories que l’ancien régime appellent aux questions, voire au doute. À ces faits viennent se greffer les incongruités des personnalités ayant émergé avec l’arrivée du CTRI au pouvoir, comme la sortie récente du DGBFIP à Oyem.

Aussi important que soit un poste de directeur Général, il ne reste et ne demeure qu’un simple directeur. À ce titre, son titulaire ne peut user de cette qualité pour s’exhiber dans des prérogatives que ne lui confère pas sa fonction. Cette sortie à Medouneu que d’aucuns ont fort heureusement dénoncé est une nouvelle absurdité politico-administrative dont n’a nullement besoin le président de la transition. C’est en ce sens que les doutes de l’ancien Premier ministre prennent du relief.

Aussi, Mieux que beaucoup d’entre nous, Bilie-By-Nze connaît peut être les agendas cachés des uns et des autres. Aussi bien des siens que des autres. D’ailleurs, il n’est pas vraiment besoin aujourd’hui d’être un expert politique pour constater que la transition est de plus en plus malmenée. Elle tend visiblement à se muer en moment de préparation des batailles politiques à venir entre les équipes du Général au pouvoir et les anciens prétendants au poste de Président de la République. 

Au demeurant, la rupture n’a pas encore été faite. Et il ne semble pas qu’elle se fera de sitôt. Trop d’indicateurs le donnent à penser. Que Bilie By-Nze le dise n’est pas un crime de lèse majesté. Au contraire, l’avis critique d’un ennemi vaut mieux que l’éloge flatteuse d’un ami. 

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