DNI: quand le CTRI transgresse un impératif du dialogue en appliquant de façon discrétionnaire une conclusion sans attendre le Référendum

Le contraste entre les déclarations du Chef de l’Etat et les actes du CTRI n’en finit plus de donner du grain à moudre aux pourfendeurs de la Transition © DR

Libreville, le 14 mai 2024 – (Dépêches 241). Alors que le CTRI par la voix de son porte-parole, le colonel Mafoumbi Mafoumbi nous a récemment annoncé dans le communiqué n°61 le retour à la norme en ce qui est de l’organisation des élections dans notre pays, un certain nombre de questions méritent tout autant clarification à ce sujet. Il importe au moins que les Gabonais et les Gabonaises, pour le droit qu’ils ont de comprendre ce qui s’est passé ou se passe, soient édifiés. 

De prime abord, soyons clairs : la rétrocession de l’organisation des élections au Ministère de l’intérieur dans notre pays n’est que salutaire, car, cet  acte participe à redonner du sens à notre organisation étatique, puisque dans les faits la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP) et le Centre gabonais des élections (CGE) n’ont jusqu’alors été que des gouffres à sous. Leur existence n’a jamais conduit à un changement décisif en ce domaine, notamment en ce qui est de la proclamation des vrais résultats issus des urnes. 

Dans le fond, on peut assez raisonnablement considérer que les hommes et femmes aux responsabilités sont le problème. Et principalement que le Parti Démocratique Gabonais (PDG ) qui les a presque tous façonnés sur le plan politique a fini par engendrer des élites sans sens de l’honneur et sans sens patriotique. Pas étonnant qu’ils aient enlevé au Ministère de l’intérieur la charge d’organiser les élections pour la confier à une pseudo institution plus indépendante. Il s’agit tout juste d’une entourloupe ; manière bien habile de nous tromper. Bref, l’essentiel pour l’heure est ailleurs. 

À condition que le ministre serve l’Etat et non l’autorité de nomination 

Et l’essentiel justement, c’est la forme par laquelle le Comité de Transition pour la Restauration des Institutions (CTRI) a décidé d’effectuer ce transfert des compétences au ministère de l’Intérieur. Pendant sa communication, le porte-parole a annoncé cette mesure « en application des décisions du Dialogue National Inclusif ». Une curiosité qui interpelle d’autant que pour sauvegarder le caractère souverain de ce dialogue il était convenu que ces résolutions soient soumises à un référendum pour éviter les dérives liées à une éventuelle application discrétionnaire de celles-ci par le président de la Transition. 

Mgr Asseko Mve au micro de Radio France Internationale (RFI) alors que le sujet avait été soulevé par Juan Gomez, avait affirmé avec clarté que seul le référendum d’août prochain consacrerait le caractère souverain du DNI. « C’est à l’ensemble des Gabonais de se prononcer (…). 600 personnes réunies autour d’un dialogue ne peuvent pas représenter la souveraineté d’un État, de toute une république. Il va donc falloir qu’au terme de ce dialogue les résolutions soient soumises à un référendum et à ce moment, l’ensemble des Gabonais pourrait dire s’il se reconnaît dans les résolutions ou pas. Et le Peuple Gabonais souverain se sera prononcé », avait-il déclaré.  

Antinomie entre le Dire et le Faire 

Comment se fait-il alors que le CTRI vienne publiquement annoncer l’application d’une résolution de ce Dialogue sans que ce préalable n’ait été respecté ? Le pouvoir militaire a-t-il décidé à rebours des recommandations du directeur de Dialogue National Inclusif d’appliquer de façon discrétionnaire ces résolutions ? Si oui, peut-on encore parler d’expression souveraine du Peuple ? A quoi a alors servi ce mois de discussion pour refonder la gestion de l’Etat s’il faille violer les résolutions du Dialogue de l’espoir ?

Ce sont là des interrogations que se posent à juste titre de nombreux Gabonais qui peinent à comprendre la logique du Général-Président dont les paroles et promesses sont de plus en plus en en contraction avec les actes posés par le CTRI dans un contexte de restauration des Institutions. Pourtant, le Général Brice Oligui Nguema à l’occasion de la cérémonie des vœux aux militaires a réitéré sa volonté de voir une armée rigoureuse, fondée sur le respect des droits.  « Je veux une armée fondée sur l’observation des lois et des textes en vigueur, le respect des droits et des libertés des citoyens et capable de restituer leur approbation du code d’honneur du militaire gabonais », avait-il déclaré. Étrange paradoxe pour l’heure entre le dire et le faire… 

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