Éditorial: Gabon : À quand le Peuple ? À quand la Nation ? 

Si elle a été annoncée pendant la Transition la restauration de la dignité des Gabonais semble toujours en chantier au sein de la Transition © DR

Libreville, le 21 novembre 2024 – (Dépêches 241). Quelques jours après la consultation référendaire dont les résultats donnent le OUI pour vainqueur, il convient de souligner avec asthénie et malaise la persistance de la chosification du Peuple et de la perversion de la Nation dans le seul but d’assouvir des desseins personnels et de pouvoir. Les mêmes pratiques que sous l’ancien régime ont perduré trahissant dans le même temps les promesses d’une transition bâtie sur des bases nouvelles. 

Le mal en soi n’est pas que le CTRI s’associe au PDG pour les besoins de la circonstance. Le mal en soi n’est pas que Bilie By Nze et quelques autres pedegistes de renom soient devenus des donneurs de leçons politiques, encore moins que le Général-Président au pouvoir veuille définitivement sortir des rangs de la caserne pour se conforter dans le luxe du palais. Tout cela, raisonnablement, participe du jeu politique et ses dérivés. 

Raymond Ndong Sima, Alain Claude Bilie By Nze, Brice Clotaire Oligui Nguema ne se connaissent que trop bien. Et le jeu auquel ils s’adonnent est parfaitement conçu par eux-mêmes et pour eux-mêmes. Et si chacun, pour ses propres  intérêts, évoque le peuple comme son souci premier, ce n’est que pour mieux donner forme et force à l’illusion, et l’imposture des postures. 

Et tout est là justement. Ils savent que le Peuple n’existe pas, qu’il n’a jamais existé dans ce pays. Il n’est que chimère que l’on peut évoquer pour mieux  manipuler la plèbe qui croit être ce peuple. Hélas seule la population existe, des hommes et femmes par ailleurs, dans leur immense majorité, incultes à la chose publique. Car, s’il est besoin de le rappeler, on appelle convenablement citoyen, une personne ayant une culture de la vie en cité, autrement dit à minima instruite sur l’ensemble des mécanismes qui organisent la vie de sa société. Tant mieux si on dit que cela correspond à la réalité de notre pays… 

En soi, là est tout le mal. Il n’y a pas dans l’état actuel de notre société une communauté de conscience politique pouvant être tenue comme telle. Ce qui de toute évidence existe, ce sont des populations, des hommes et des femmes de régions diverses qui ont en partage un espace géographique qui en outre ne paraît pas avoir compris. Pour preuve, les acteurs politiques utilisent toujours à leur égard les mêmes méthodes : tee-shirts, casquettes, quelques billets de banque distribués çà et là. 

Tout est là. Le jeu a cours parce que nous y participons activement. Les élites l’alimentent expressément, et la plèbe la féconde facilement. Pour l’instant, la Nation peut attendre, et le peuple pour sa part, n’y est pas encore tout autant qu’elle ne peut pas compter sur l’élite dirigeante actuelle pour l’éduquer parce que cette dernière semble avoir fait le choix de maintenir dans sa condition d’avilissement pour mieux profiter de sa naïveté. 

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