
Libreville, le 17 décembre 2024- (Dépêches 241). Dans un communiqué lu sur les antennes de la première chaîne de télévision, la conseillère technique du Gouverneur de l’Estuaire, Colonel Jocelyne Espérance Assogba a annoncé la tenue prochaine d’un concours d’entrée au sein des forces armées gabonaises. Un communiqué qui n’a pas manqué de faire réagir l’opinion, notamment la communauté éducative qui ne supporte plus le manque criard d’enseignants dans plusieurs établissements scolaires, alors que les rangs de l’armée sont continuellement grossis.
À leur arrivée au pouvoir, les autorités de la Transition avaient promis de travailler à faire reculer significativement le chômage endémique créé et entretenu par le régime déchu. Plus de 15 mois après, une tendance se dégage: comme les premières années du régime d’Ali Bongo, la part belle est encore faite aux recrutements dans les forces de défense et de sécurité, au grand dam du secteur de l’éducation, pilier essentiel pour amorcer le développement véritable d’un pays.
Cela semble se confirmer avec plusieurs recrutements au sein des forces de défense et sécurité en seulement 15 mois d’exercice de pouvoir par les nouvelles autorités. Après les deux contingents des forces de police nationale, la gendarmerie, la santé militaire, voilà qu’un énième recrutement est lancé, mais toujours au sein des forces armées gabonaises.
« Le Gouverneur de la province de l’Estuaire, madame Marie Françoise Dikoumba informe la population de sa circonscription administrative de ce que, conformément aux très hautes instructions du Président de la Transition, Président de la République, Chef de l’État, Son Excellence le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, de l’organisation à Ntoum dans le département du Komo-Mondah du 20 au 22 décembre 2024 d’un concours pour le recrutement dans les corps constituant les forces de défense et de sécurité », a annoncé la conseillère technique.
Une absence réelle et constatée d’enseignants au sein de nombreux établissements scolaires
Un nouveau recrutement dans les forces armées gabonaises qui n’a pas laissé indifférents les acteurs du secteur éducatif, qui ne comprennent pas le peu d’intérêt des anciennes comme des nouvelles autorités du pays, manifesté pour la problématique du manque d’enseignants dans plusieurs établissements scolaires. « Tous les bassins pédagogiques sont concernés par le manque d’enseignants, mais on continue de recruter dans l’armée », a lancé monsieur L.O, enseignant au Lycée Diba-Diba, dans le premier arrondissement de Libreville.
En effet, qu’il s’agisse du Lycée d’Application Nelson Mandela de Libreville, du C.E.S d’Avorbam à Akanda au Lycée Daniel Kosse de Booué en passant par le C.E.S Édouard Ekogha d’Oyem, le constat demeure le même: à la fin de ce premier trimestre, plusieurs salles de classe de ces établissements d’enseignement secondaires manquent cruellement d’enseignants dans de nombreuses disciplines, condamnant ainsi les élèves à n’être évalués et classés que sur quelques matières.
De la nécessité des nouveaux dirigeants de revoir leurs priorités ?
Sans nier l’importance d’une armée bien formée aux effectifs raisonnables, l’opinion publique gabonaise s’interroge cependant sur le sens des priorités des nouvelles autorités. Quelle est la pertinence de continuer à grossir les rangs des forces armées, dans un pays à faible démographie comme le Gabon ? Des menaces sécuritaires invisibles pèsent-elles sur la pays pour justifier de la nécessité d’avoir toujours plus de militaires ? Alors qu’un sommet extraordinaire de la Cemac vient de s’achever, avec pour l’une des recommandations une maîtrise des dépenses publiques, qu’est-ce qui pourrait expliquer l’urgence de recrutement maintenant au sein des forces armées gabonaises ?
Dans l’opinion, les réponses à ces questions sont toujours attendues, d’autant plus que pour une part importante de gabonais, la priorité devrait se porter sur les secteurs de l’éducation et de la santé, deux domaines importants pour le développement d’une nation, mais dans lesquels on enregistre un manque accablant de structures et de personnels en 2024.
C’est inconcevable !!!! Pas du tout tolérable. Mais fort est de constater que le gouvernement observe cette situation. À dire qu’on se croirait dans l’ancien gouvernement.