Thierry Mouyouma: « Le Gabon est tombé dans un groupe compétitif au sein duquel les 4 équipes ont chacune leur chance »

Thierry Mouyouma et son staff restent focus sur la préparation des rencontres de Mars ©DR

Libreville, 1er Février 2025 – (Dépêches 241). Quelques jours après le tirage au sort de la phase finale de la Can au terme duquel le Gabon a hérité d’un groupe relevé avec deux cadors du continent, Thierry Mouyouma a livré un entretien à notre rédaction. Dans un contexte marqué par le débat sur sa suspension, le sélectionneur national a donné son avis sur le groupe dont il a hérité non sans dédramatiser et apporter des clarifications rassurantes sur la question de sa suspension. 

1/-  Le tirage au sort de la prochaine Can vient d’être effectué. Vous héritez du Cameroun, de la Côte d’Ivoire et du Mozambique. Quel est votre avis sur ce groupe ? 

« C’est un tirage exceptionnel, et ce encore plus avec la présence du Gabon. Il y a deux ans, nous regardions la CAN à la maison et donc nous attendions ce tirage avec impatience pour connaître contre quelles équipes nous tomberons afin de prendre nos dispositions pour commencer à travailler, mais également nous loger, car il y a également l’importance de la ville. 

Mais en réalité tout tirage n’est en définitif bon qu’à la fin de la phase de groupe; c’est-à-dire quand on s’est qualifié. De nos jours, il n’y a pas de bons et de mauvais tirages, toutes les équipes se sont rapprochées les unes des autres. Les supposées petites équipes sur le continent ont rattrapé leur retard, les prétendues grandes équipes d’hier ne font plus trop la différence, à en juger par la situation du Ghana aujourd’hui, 5 fois championne d’Afrique mais qui a fini derrière la Tanzanie, vous avez la Guinée Conakry, quart de finaliste de la dernière Can qui ne se qualifie pas pour cette Can. C’est pour dire que les théorèmes des stars n’existent plus, idem pour le théorème des grandes équipes championnes avec un statut qui ne sont plus d’actualité. 

Aubameyang aux prises avec Seko Fofana pendant le macth contre la Cote d’Ivoire ©DR

Le Gabon est tombé dans un groupe compétitif et je pense que les 4 équipes ont chacune leur chance. Aussi nous sommes dans un groupe au sein duquel nous devrions nous qualifier à 3, le meilleur 3e à sa place donc ça relance encore plus le débat ».  

2/- Quelle place visez-vous ? 

« Aujourd’hui, le plus important est de nous qualifier, la particularité avec ce tirage au sort c’est qu’on a déjà toute l’organisation du début à la fin de la compétition. Des fois, il y a des équipes très calculatrices. Si on termine 1er de la poule, on peut en prendre un 2e qui est plus fort que le 1er de son groupe. Pour nous le plus important, c’est de sortir de la poule. Ensuite on prendra les matchs, les uns après les autres. J’ai écouté plusieurs interventions depuis le tirage, d’aucuns ont dit que si on atteint les quarts de finale ce serait déjà une bonne performance. Je suis d’avis, mais cela dit, si on arrive en quart de finale, nous n’allons pas nous laisser faire. L’appétit vient en mangeant, l’équipe, le staff poussés par le Peuple, nous auront forcément envie de continuer ». 

3/- La Côte d’Ivoire semble nous coller puisqu’elle est avec nous dans les éliminatoires de la Coupe du monde. Nous les aurons à nouveau pour la phase finale de la Can. Comment se prépare-t-on quand on joue la même équipé en si peu de temps ? 

« Dans ce type de configuration, on parle beaucoup d’ascendant psychologique. Nous jouerons la Côte d’Ivoire en septembre dans une période cruciale d’éliminatoire de la Coupe du monde. Si nous sommes devant et je pense que nous serons devant la Côte d’Ivoire en septembre , nous aurons l’ascendant psychologique avant le début de la phase finale de la Can. 

Mouyouma qui a réussi son 1er objectif à la tête des Panthères rêve désormais de faire une grande Can ©DR

Il vous souviendra que cette équipe de la Côte d’Ivoire qui remporte la CAN, connaît des matchs très difficiles en phase de poule mais passe par le biais  justement du meilleur 3e. Une situation qui lui permet de jouer le reste de sa compétition sans pression sportive et de façon totalement relâchée. Avec l’allégorie du rachat elle poursuit son match dans un esprit où elle n’avait plus rien à gagner et plus rien à perdre. Mais pour cette Can, la Côte d’Ivoire ne sera plus dans cette situation. 

Après la Côte d’Ivoire, il y a le Cameroun pour un match au parfum de derby sous régional. C’est donc un enjeu capital. Et l’histoire des rencontres du Gabon et du Cameroun en phase finale de CAN n’est pas en défaveur de notre équipe fanion. Contre nos voisins, nous avons souvent eu des résultats satisfaisants et de parités. Il s’agit du 1er match dans la compétition qui en sus lance la nôtre. Nous avons un groupe revanchard, des garçons qui arrivent à maturité avec certains qui vont jouer soit leur derrière Can ou l’avant dernière et qui ont envie d’aller très loin dans la compétition. 

Vous avez le staff qui joue sa première Can dont plusieurs membres, anciens internationaux du reste ont joué des Can. Cédric le coach adjoint en a discuté 3, moi également je l’ai joué comme joueur. C’est par ailleurs le cas d’Eric Mouloungou ou du manager général Dieudonné Londo. Nous savons tous que ce sont des matchs qui se jouent différemment. Il va donc falloir être prêt dès le 1er match parce qu’un bon résultat contre le Cameroun lance notre compétition »

4/- La question de votre suspension alimente les débats de façon dramatique depuis quelques jours. Qu’en est-il réellement ? 

« Il fallait bien qu’on arrive à cette fameuse suspension qui fait couler beaucoup d’encre. La Suspension ne m’interdit pas d’être avec la sélection et de travailler. Il faut savoir que c’est une équipe nationale que nous avons chèrement reconstruite avec mon staff et qui était à la ramasse à notre arrivée. Nous venions d’être éliminés, l’équipe était parasitée par des conflits internes important à telle enseigne que plusieurs joueurs ne se parlaient pas. Il a fallu qu’on use de plusieurs stratégies pour constituer ce groupe. 

Nous avons mis en place un projet qui devait normalement s’inscrire sur la durée mais nous n’avions pas ce temps, en réponse à cette absence de période d’essai nous avons dû impulser une dynamique pour trouver une certaine compétitivité, une certaine discipline et donc changer l’état d’esprit pour que l’équipe arrive à se qualifier. 

Cédric Moubamba a toute la confiance du sélectionneur national ©DR

Cette suspension quand on parle, j’ai plus l’impression qu’on essaie de noyer son chien ou de l’accuser de rage. C’est ainsi que je perçois ce débat. Cette suspension ne m’empêche pas d’entraîner l’équipe ou de faire la préparation. C’est l’une des rares fois où on aura l’équipe au moins pendant 10 jours de compétition. Nous avons donc le temps de mettre en place nos stratégies et nos schémas de jeu. Fondamentalement, nous devons travailler sur la technique, la tactique et même le mental. La suspension ne m’interdit que l’accès au banc de touche. A mes côtés de surcroît, j’ai Cédric qui est compétent, qui est qualifié et qui a les arguments pour tenir ce rôle. 

5/- S’agissant de votre coach adjoint, Cédric Moubamba, d’aucuns annoncent qu’il ne sera pas sur banc en raison du fait qu’il n’aurait pas de licence A CAF ? Cela est-il avéré ? 

« Dans ce débat, il ressort que la Caf ferait en sorte que ceux qui ont les licence B ne puissent plus s’asseoir sur le banc. Cette information n’est pas avérée. L’exigence de posséder une licence A dans ce type de configuration n’est qu’un projet issu d’une circulaire vieille de 2 ou 3 ans et qui à ce jour, n’est toujours pas officielle au niveau de la CAF. Cela dit, des dispositions sont prises, Cédric devrait obtenir une licence A au Gabon et se faire inscrire pour obtenir de la Caf une dérogation pour le banc de touche. 

Une solution peut également être trouvée par le biais d’autres conventions signées entre la Fegafoot et d’autres fédérations qui organiseront des Licences A. Aujourd’hui, Mouyouma ne sera pas le 1er entraîneur suspendu de banc, nous avons des moyens de communication  notamment les Talkie Walkie acceptés et utilisés par le CAF, des éléments que nous avons en notre possession et que nous avons déjà du reste expérimenté comme en Afrique du Sud où nous avons parfaitement communiqué avec nos équipes en charge de la vidéos. 

En réalité, cette histoire de suspension est une polémique qui n’a aucun intérêt car les enjeux sont ailleurs. Nous avons besoin de nous concentrer et nous focaliser sur les matchs de mars et pour ce faire, l’équipe nationale, le staff et les garçons ont besoin de sérénité et de concentration pour être performant. En mars, nous jouons un match important dans l’optique de la qualification pour la Coupe du Monde, le souhait du staff est que l’équipe se concentre exclusivement sur la préparation de ces rencontres, comment nous allons aborder les matchs contre le Seychelles et le Kenya cart à cette période, on peut passer 1er du groupe devant la Côte d’Ivoire . La Can arrive dans 10 mois, nous avons donc le temps de revenir sur cette compétition surtout que la Fédération peut initier un recours. »  

6/- Avez-vous introduit un recours auprès de la CAF pour réduire le nombre de matchs de suspension ?

« C’est du ressort de la Fédération gabonaise de football. Les administratifs regarderont à quel moment on a été notifié et dans combien de temps il faut agir pour un recours. Il faut quand même dire que la suspension est quand même assez lourde au regard de ce qui s’est passé. Il s’avère que je suis sorti de la zone technique et les entraîneurs ont ce droit lorsque le jeu est à l’arrêt. Mon gardien se faisait soigner donc je suis sorti de la zone technique sauf que l’arbitre a estimé que je suis sorti trop loin de ma zone technique et m’a sorti un carton rouge direct . Ce sont des faits qu’on peut démontrer à la CAF et regarder si nous sommes encore dans les délais pour faire un recours. Qu’à cela ne tienne nous restons très concentrés. Le débat sur la sélection ne nous honora pas au contraire nous donnons des billes à nos adversaires qui sont partout dans le monde »

Construire un groupe soudé et discipliné capable de se battre les uns pour les autres, c’est le travail effectué par le staff de Mouyouma depuis son arrivée ©DR

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