
Libreville, le 14 mars 2025 – (Dépêches 241). Alors que le peuple gabonais a plus que jamais besoin de s’unir, en vue de l’éclosion d’un véritable État-Nation, le Président de la Transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, vient de nommer une des personnalités politiques les plus clivantes du moment selon certains observateurs, en la personne de Marc Ona Essangui, au poste de responsable des associations dans la Coordination Générale du Mouvement des Bâtisseurs. Une nomination qui suscite de vives réactions aujourd’hui, car incarnée par une personnalité qui a récemment étalé à la face du monde son ethnocentrisme et son comportement tribaliste.
Personne n’aurait cru que, par les temps qui courent, en pleine Transition militaire au Gabon, le Chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, nommerait au poste de responsable des associations au sein du Rassemblement des Bâtisseurs celui qui, dans un discours à connotation tribaliste avait comparé le pouvoir à un silure qu’il ne faut pas lâcher quoi qu’il en coûte. Un « silure qu’il faut serrer fermement » au risque de le voir s’échapper.
Une nomination d’autant plus étonnante que c’est au sein de ce mouvement politique créé pour la circonstance que les stratégies de sa campagne présidentielle seront menées. En effet, lors d’une rencontre entre ressortissants de la province du Woleu-Ntem à Angondjé en octobre dernier, Marc Ona Essangui prononçait un discours en langue fang qui avait choqué l’opinion publique gabonaise, en raison notamment du caractère divisionniste et tribaliste et communautariste de son propos d’alors.
Dans ce discours, il établissait un parallèle éhonté entre la venue au pouvoir du Président de la Transition, originaire d’Oyem, et la pêche au silure. Estimant que comme un silure qu’on tient de toutes ses forces pour ne pas qu’il s’échappe, il faut également tenir le Chef de l’État avec la même force, en le maintenant par tous les moyens au pouvoir. Ainsi, le pouvoir demeurera chez les fang. Autrement dit, pour le Président de l’ONG Brainforest, le pouvoir étant désormais entre les mains des fang, il est hors de question que celui-ci leur échappe. Des propos anti-républicains, irresponsables et indignes pour une personnalité qui a combattu l’extrémisme Téké et qui sont de nature à porter, en définitive, des coups à la tolérance entre Gabonais et au vivre-ensemble.
Ce qui ferait dire à certains que le Chef de l’État, loin de travailler à mettre en place des mécanismes permettant d’endiguer ce clivage ethnique, serait en train d’en faire la promotion en nommant des responsables politiques auteurs de propos clivants, et qui montreraient qu’ils ne portent aucun intérêt à la stabilité du pays, mais seraient davantage mus par leurs intérêts égoïstes. En confiant un tel poste à une personnalité aussi clivante, qui s vautre désormais sans pudeur dans les mêmes comportements que ses adversaires d’antan, il va sans dire que le Président de la Transition attendrait de lui qu’il recrute au sein du Rassemblement des Bâtisseurs des associations du même acabit.
Si un mouvement dit de « Bâtisseurs » met en avant une personne qui considère le pouvoir comme une affaire d’ethnie, et que désormais, c’est leur tour, on ne saurait imaginer la suite. Car c’est l’espoir de ce qui restait encore d’une possible unité nationale qui serait brisé. D’ailleurs, semble-t-il, le 4e Vice-président du Sénat ne serait pas à son premier essai, puisqu’en 2016, lors d’un débat télévisé qui l’opposait à Alain Claude Bilie-by-Nze, il avait déjà comparé le Gabon à un « gâteau » qu’il fallait se partager, ce qui signifierait que le Gabon ne serait pour lui qu’un moyen de s’enrichir.
Quoi qu’il en soit, gageons donc malgré tout que le Chef de l’État sache ce qu’il fait. Car notre vivre-ensemble n’a pas de prix et n’est d’aucune négociation possible. D’autant que malgré nos divergences, le peuple gabonais doit demeurer uni en toutes circonstances. Ainsi, il faudrait éviter de prêter le flan aux velléités de certains responsables politiques qui, pour des raisons inconnues useraient de tous les moyens pour parvenir à leur fin.