
Libreville, le 2 avril 2025 – (Dépêches 241). Alors que le pays traverse une période de transition et que les défis socio-économiques s’accumulent, certains membres du pouvoir semblent totalement déconnectés de la réalité quotidienne des Gabonais. Loin d’incarner le renouveau tant promis, ils perpétuent des pratiques qui rappellent les pires excès du régime précédent. Entre arrogance et insouciance, outrecuidance et zèle, ils affichent un mépris flagrant pour la souffrance de la population, privilégiant la mise en scène d’un pouvoir qui se croit au-dessus des critiques. Un épisode récent, largement relayé sur les réseaux sociaux, en est l’illustration frappante.
Dans une image qui a fait le tour du pays, des membres de la coordination des « Bâtisseurs », posent fièrement devant un hélicoptère militaire qui les ramène à Libreville. Vêtus de T-shirts à l’effigie du « Bâtisseur », ces représentants du régime affichent une insouciance indécente dans un pays où plus d’un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté selon les données de la Banque Mondiale. La scène, marquée par une arrogance ostentatoire, en dit long sur le mépris affiché par certains proches du pouvoir envers les réalités sociales du pays.
Le Haut-Ogooué, fief historique du régime déchu, est une province où, à l’image de l’ensemble du pays, les espoirs de changement sont grands. Pourtant, cet épisode démontre que les pratiques d’un autre temps persistent : communication déconnectée, mise en scène du pouvoir et mépris des populations locales. Il est difficile d’imaginer comment de telles démonstrations peuvent susciter l’adhésion populaire, si ce n’est par la résignation ou l’indifférence forcée.
Ce comportement interroge sur la véritable nature de la transition en cours. Pendant que les populations luttent contre la précarité, certains continuent de jouir d’un luxe ostentatoire sans se soucier des attentes de réformes et de gouvernance exemplaire. Loin d’être un simple faux pas, cet épisode révèle une mentalité profondément enracinée : celle d’un pouvoir qui ne se sent pas redevable devant le peuple, qui ne tire pas les enseignements du passé et qui ne fait pas acte de contrition devant l’histoire.
Si les promesses de rupture avec le passé veulent être crédibles, elles doivent se traduire par des actes concrets. La population gabonaise n’a que trop souffert des écarts entre discours et réalité. Et si ces démonstrations de puissance continuent, elles risquent de rappeler que, derrière la façade du changement, se cachent encore les vieux réflexes d’un pouvoir qui ne se remet jamais en question.