
Libreville, le 9 avril 2025 – (Dépêches 241). « Nous sommes venus parce qu’ils ont semé le chaos dans ce pays, nous aussi nous n’avons pas l’intention de leur donner le relais ». Ces mots, prononcés par Ulrich Manfoumbi, porte-parole du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), résonnent comme un avertissement clair. Ce discours ne fait pas qu’exprimer un rejet des anciens dirigeants, il marque aussi un tournant dans la posture politique de celui qui est devenu une figure incontournable du paysage gabonais depuis la prise de pouvoir du 30 août 2023.
Auparavant vêtu de son uniforme militaire, Manfoumbi semble avoir troqué son accoutrement de militaire pour une élégante tenue de politicien grossièrement partisane à l’effigie du Général-Président, Brice Clotaire Oligui Nguema. Le changement de look n’est pas anodin. Alors que son uniforme symbolisait la discipline et l’ordre du coup de force, la rigueur et le sens du devoir, sa nouvelle apparence de costume-cravate et tee-shirt de campagne le propulse désormais dans l’arène politique, avec un rôle de plus en plus influent. Un changement qui va au-delà de l’apparence, marquant son ancrage dans les dynamiques de pouvoir qui s’installent au Gabon sous la Transition.
Le propos de Manfoumbi, emprunté à Alain Claude Bilie-By-Nze, fait écho à une maxime des nouveaux hommes forts du pays : l’intention de garder le pouvoir, à tout prix, sans laisser de place à ceux qui y ont été auparavant. Le message est clair : il ne s’agit pas simplement d’une Transition vers un retour à l’ordre constitutionnel, mais d’une réorganisation plus profonde du pouvoir. Loin d’être une simple figure de Transition, Manfoumbi laisse entrevoir qu’il pourrait être l’un des architectes d’une nouvelle ère politique, dans laquelle certains anciens acteurs du système seraient écartés définitivement.
Désormais proche des PDGistes, avec qui Manfoumbi Manfoumbi compte t-il discuter le relais ?
Mieux, ces déclarations sont frappées du sceau de l’inconsistance, de l’incohérence manifeste et de la manipulation. Il est incompréhensible que le Colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi indique être arrivé au pouvoir pour mettre en échec « ceux qui ont semé le chaos dans le pays », alors que ces mêmes personnalités sont au cœur de la campagne et du pouvoir du CTRI qu’il incarne du reste. Les coordinations de campagne du Candidat-Président sont infestées de PDGistes ceux qui justement, ont « semé le chaos » dans ce pays. Ces derniers tiennent donc toujours le relais et les leviers du pouvoir. Avec qui Ulrich Manfoumbi Manfoumbi discute t-il le relais vu qu’il fait désormais copain-coquin avec les anciens fossoyeurs de la République ?
Tout compte fait, pour les militaires, Il n’est plus question de « réparer » le Gabon, mais de « prendre le relais » et de remodeler, à leur façon, les institutions, avec, en toile de fond, cette maxime qui dénote un goût prononcé pour la concentration et la jouissance du pouvoir. Ce discours et cette nouvelle apparence sont loin d’être anodins : ils révèlent la consolidation d’une logique de contrôle, dans laquelle les tenants du pouvoir militaire pourraient se voir remplacer par une élite politique formée à l’ombre de la Transition.
La question qui se pose alors : est-ce là le signe d’une Transition qui s’éternise ? Ou bien sommes-nous face à une véritable confiscation du pouvoir, en attendant que Manfoumbi et ses alliés fassent preuve de plus de transparence dans leurs ambitions ? Quoi qu’il en soit, avec ses nouvelles tenues et son discours plus poli, Manfoumbi semble décidé à marquer de son empreinte la politique gabonaise pour les années à venir.