
Libreville, le 06 mai 2025 – (Dépêches 241). Visiblement, le passage à la cinquième République au Gabon n’aura pas marqué la fin des privilèges. Car, malgré la volonté clamée par les nouvelles autorités de l’État de promouvoir de nouveaux visages au sein de la classe politico-administrative, certaines figures particulièrement controversées, parmi lesquelles Laurence Ndong, ancienne Ministre de la Communication et des Médias, continuent, malgré les dénonciations, de bénéficier des faveurs du Chef de l’État. Une situation qui soulève des interrogations sur la réelle volonté du Président Brice Clotaire Oligui Nguema d’écarter certaines personnalités impliquées dans des pratiques douteuses.
Le nouveau Gouvernement rendu public hier par le Secrétaire Général de la Présidence de la République gabonaise, semble vouloir incarner une dynamique de renouveau impulsée par le Chef de l’État. En témoigne le nombre important de nouveaux profils qui y figurent. Toutefois, certaines figures bénéficiant de faveurs discutables demeurent inchangées. C’est le cas de Laurence Ndong, désormais Ministre de la Pêche et de la Mer, à qui le Président semble une nouvelle fois renouveler sa confiance, et ce, en dépit des accusations persistantes de malversations dans la gestion de la subvention destinée à la presse.
Cette nomination suscite l’incompréhension, voire la colère, chez de nombreux observateurs politiques, y compris chez plusieurs acteurs des médias privés, qui peinent encore à saisir la pertinence et l’opportunité de cette nomination. Doit-on comprendre que la cinquième République, malgré les discours en faveur de la moralisation de la vie publique, s’ouvrira sur les dérives ayant caractérisé les précédents régimes ? Tout semble indiquer que le changement tant attendu pourrait rester une illusion, tant certaines influences continuent de peser lourdement autour du nouveau Président, compromettant ainsi sa volonté de réforme.
Il est impératif que le Président Oligui rompe définitivement avec certaines personnalités politiques associées à des soupçons de malversations financières ou à quelques abus que ce soit. Il devrait profiter de cette période charnière pour inscrire le Gabon dans une véritable dynamique de changement radical de paradigme de gouvernance. Or, à l’épreuve des faits, la transparence dans la gestion des deniers publics ne semble pas être le point fort de l’ancienne égérie de la diaspora gabonaise en France.
Bien au contraire, sa gestion opaque des fonds destinés aux médias constitue un sérieux décalage entre les discours moralisateurs qu’elle tenait à l’endroit du régime d’Ali Bongo Ondimba et ses véritables motivations dévoilées aujourd’hui. Tout se passe comme si ses appels passés à la rigueur, au travail bien fait et à la fin de l’impunité n’étaient qu’un moyen d’accéder aux privilèges de ceux qu’elle prétendait combattre.
Il est donc essentiel que les nouvelles autorités fassent preuve de cohérence et soient à la hauteur des attentes populaires. Le peuple gabonais a soif de changement. Il serait inacceptable que, après avoir été porté par l’espoir et le plébiscite, le Président de la République nouvellement élu se déjuge en cédant à la ruse et aux compromissions. Le principe de la reddition des comptes, fondamental à toute prétention de bonne gouvernance, devrait désormais habiter chaque acteur politique ou gestionnaire de deniers publics, à quelque niveau que ce soit, afin de mettre terme à l’éternel problème de l’impunité qui a longtemps prévalu sous les régimes précédents.