Gabon: 63 milliards pour les 9 provinces, ce « ballon d’essai » sous fond de gabegie financière d’Oligui Nguéma 

Pour plusieurs compatriotes, le commentaire du Président-Candidat sur la gestion des 63 milliards, la qualifiant de « Ballon d’Essai » est grotesque et irresponsable ©MontageDépêches 241.

Libreville, le 10 avril 2025 – (Dépêches 241). Dès son arrivée à la tête du Gabon, le général Brice Clotaire Oligui Nguéma a marqué les esprits par une initiative audacieuse, mais pour le moins discutable : la distribution de 7 milliards de FCFA à chaque province, soit un total de 63 milliards de FCFA, sans plan d’investissements précis ni justification claire. Cette somme colossale, répartie en grande partie de manière arbitraire, a été présentée par le président de la transition comme un « ballon d’essai ». Une déclaration grotesque qui mérite d’être examinée avec sérieux, d’autant plus que le Gabon traverse une période de grave crise structurelle, économique, financière et sociale.

Cette initiative soulève plusieurs questions. Une question de la pertinence en premier lieu. Dans un pays où les défis sont multiples et profonds avec une dette publique en forte croissance, une masse salariale budgétaire gonflée, un secteur privé fragile et une économie en sursis, une telle dépense, sans planification ni objectif clair, semble irresponsable. Le Gabon ne manque pas de priorités : réformes fiscales, modernisation des infrastructures, soutien aux secteurs stratégiques tels que l’agriculture et les industries extractives, ou encore la nécessité de renforcer la gouvernance pour lutter contre la corruption. Mais cette distribution aveugle de fonds ne répond à aucune de ces urgences fondamentales.

Le montant de 63 milliards de FCFA aurait pu être bien plus efficacement alloué à des investissements structurants. Au lieu de cela, la distribution d’argent liquide, dans un contexte où les fonds publics sont déjà sous pression, donne une impression de précipitation et de gestion peu rigoureuse. On peut légitimement se demander si cet argent a été utilisé de manière transparente et s’il a effectivement eu un impact tangible sur le développement local ou la résolution des problématiques auxquelles chaque province est confrontée.

Les autorités de la Province de l’Estuaire recevant leur chèque de 7 milliards dont on attend toujours les retombées © DR

L’argument du « ballon d’essai », avancé par Oligui Nguéma lors de son passage dans l’émission « 1 candidat 1 projet », est pour le moins problématique et peu responsable pour un Chef d’Etat. Il laisse entendre qu’une telle décision est perçue comme une expérimentation sans fondement solide, à l’image d’une politique improvisée et non mesurée. Dans un contexte où le pays fait face à des défis économiques, sociaux et financiers majeurs, ce genre de mesures précipitées peut renforcer l’instabilité, en réduisant la confiance des citoyens et des partenaires internationaux dans la capacité du gouvernement à gérer les ressources publiques de manière sérieuse et cohérente.

Une distribution faite en violation des règles de droit en matière de comptabilité publique 

Remettre des fonds publics aux personnes de façon discrétionnaire sans contrôle et invoquer un essai pour jauger de la responsabilité des personnes qui avait la charge de la gestion est une attitude foncièrement responsable. Oligui Nguema aurait pu prendre appui sur le principe juridique de comptabilité publique qui est le paiement après le service effectué. Dans cette opération, il est évident que le président de la transition qui s’est éloigné du respect des règles de la comptabilité publique s’est plus employé à crédibiliser une mesure populiste. 

La gestion publique du Gabon, en particulier sous la transition actuelle, nécessite des actions cohérentes, rationnelles et fondées sur des stratégies à long terme. Distribuer des fonds sans un cadre d’investissement ou une vision claire de l’utilisation de cet argent est non seulement inefficace, mais aussi risqué. Si le président Oligui Nguéma entend véritablement amorcer un changement dans la gestion du pays, il doit impérativement réorienter ses efforts vers des réformes structurelles profondes, l’élaboration de projets d’investissement à forte valeur ajoutée pour l’économie et, surtout, une gestion transparente et responsable des fonds publics.

Cette distribution de 63 milliards de FCFA, présentée comme une première tentative sans plan précis, s’apparente à un exercice politique de court terme, davantage destiné à nourrir des intérêts immédiats qu’à répondre aux défis fondamentaux du pays. Il est grand temps que la gestion publique prenne un virage vers plus de rigueur et de stratégie pour permettre au Gabon de sortir de la crise et de se projeter vers un avenir plus solide et plus durable. 

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