
Libreville, 14 Juillet 2025 – (Dépêches 241). Lors du Gabon Economic Forum, le gouvernement a affiché une ambition forte. L’Etat gabonais veut propulser le pays vers une croissance à deux chiffres, à partir d’un modèle plus inclusif, souverain et productif. Sur scène, le message était limpide. L’ère de la dépendance au pétrole est révolue, place à une diversification portée par l’agriculture, l’agro-industrie, les services, le BTP, le bois et les mines. Mais dans les chiffres, l’élan s’essouffle très rapidement. Le Document de Cadrage 2026–2028 table sur une croissance moyenne de 3,3%, très loin du seuil visé.
Même les secteurs jugés stratégiques au Forum, comme l’agriculture et l’agro-industrie, ne font l’objet d’aucune projection spécifique dans le cadrage. La croissance repose toujours, à plus de 40%, sur les hydrocarbures et le secteur tertiaire, une configuration classique, mais peu résiliente. Le document évoque bien quelques investissements structurants, mais reste vague sur les mécanismes de financement et les objectifs de valeur ajoutée locale. Le virage industriel est évoqué, mais non quantifié.
Autre incohérence relevée, les dépenses d’investissement public, censées soutenir cette croissance, ne décollent pas. Le document les évalue à 409,5 milliards de fcfa par an, soit à peine 15% du budget total, très en deçà des besoins réels. Pire, à fin mars 2025, le taux d’exécution des investissements n’était que de 4,6%. Ce chiffre, alarmant, témoigne d’un appareil administratif encore incapable de transformer une vision en actions concrètes. À quoi sert d’annoncer une croissance spectaculaire si les crédits engagés ne sont pas absorbés ?
Cette déconnexion entre la parole politique et la planification macroéconomique est préoccupante. Un pays n’atteint pas 10% de croissance par volonté, mais par investissement massif, organisation, et performance administrative. Tant que les dépenses d’investissement ne sont pas sécurisées, ciblées, et exécutées rapidement, l’économie restera piégée dans un cycle de stagnation. Et c’est tout le tissu économique qui en sera contrarié. Le gouvernement devrait déjà donner la priorité au remboursement de la dette intérieure, ce qui serait déjà un premier pas vers la croissance.