
Libreville, le 15 avril 2025 – (Dépêches 241 ). À l’occasion d’une conférence de presse tenue ce lundi 14 avril 2025 par le Rassemblement des Bâtisseurs ( RDB ), le coordonnateur général de ce mouvement politique, Maître Ange Kevin Nzigou a convié l’ensemble de ses adhérents à une assemblée générale qui se tiendra le 19 avril prochain. Cette assemblée générale a pour objectif d’acter la transformation du RDB en parti politique. Une annonce surprenante et qui vient contredire la parole du désormais président élu Brice Clotaire Oligui Nguema, qui s’était engagé à ne pas faire de ce mouvement de circonstance une formation politique.
Hier lundi 14 avril 2025, le rassemblement des bâtisseurs, mouvement politique qui a porté avec tact la candidature de Brice Clotaire Oligui Nguema, élu président de la république à l’issue de l’élection présidentielle du 12 avril dernier, a donné une conférence de presse au cours de laquelle son coordonnateur général, Ange Kevin Nzigou a annoncé la tenue d’une assemblée générale le 19 avril prochain. Laquelle assemblée générale devrait donner lieu à la transformation de ce qui ne devait être qu’un mouvement politique momentané et éphémère en véritable parti politique. Dans ce sens, le coordonnateur général du RDB soutient que « L’assemblée générale du Rassemblement des Bâtisseurs prévu ce 19 avril 2025 aura pour vocation de donner une nouvelle vie à cette plateforme, de faire du RDB non plus une simple plateforme de soutien, mais un véritable parti politique structuré, démocratique, fidèle à l’idéal du rassemblement et désormais prêt à devenir la matrice politique de la future majorité du président. » a déclaré Anges Kevin Nzigou.
Une déclaration à l’apparence d’une fusion-absorption qui vient prendre de cours la parole du président élu, Oligui Nguema qui, pour rassurer les gabonais qui craignaient que cette plateforme politique conduise le pays vers l’incertitude démocratique d’un parti unique avait déclaré, « le Rassemblement des Bâtisseurs est un mouvement ad hoc que nous avons mis en place et après l’élection chacun va rejoindre son parti ou son association. Ce que je veux c’est que quand ils adhèrent au RDB, il n’y ait pas d’effigie politique ou d’une association. Je ne veux pas être tenu par un quelconque parti ou une quelconque association, je suis l’homme du peuple et l’homme de tous les gabonais qui veulent voter pour moi » avait-il affirmé.
Une situation qui interroge et qui se double d’une inquiétude légitime quant à la crédibilité de la parole présidentielle. Ce d’autant qu’il y a encore peu, le président de la transition reprochait à une certaine opinion qui contestait sa candidature de ne pas être capable de faire la différence entre « Je vais remettre le pouvoir aux civils » et « je ne serai pas candidat ». Dès lors, doit-on aussi conclure que ce sont encore les Gabonais qui auraient mal compris ce que le candidat d’alors Oligui Nguema voulait dire lorsqu’il alléguait avec assurance que « le Rassemblement des bâtisseurs est un mouvement ad hoc que nous avons mis en place et après l’élection chacun va rejoindre son parti ou son association » ?.
Osons croire que le président élu se fera le devoir d’éclairer l’opinion publique gabonaise, à ce propos. Cependant, au-delà de la population qui pourrait se sentir floué, trahi par le président qui n’est élu que depuis quelques jours seulement, tous les regards seraient désormais tournés vers les partis politiques, les associations, les syndicats et autres mouvements politiques ou pas ayant adhéré au rassemblement des bâtisseurs (RDB) qui se retrouvent presque forcés de répondre favorablement à cet appel.
Nombreux d’entre eux étant conscients de ne pas pouvoir tenir tout seul et encore moins de posséder les ressources humaines et financières pouvant leur permettre de continuer à exister en tant qu’entités politiques autonomes ; et surtout avec la venue de la nouvelle loi sur les partis politiques qui pourrait bientôt poindre, considéreraient sans nul doute cette commutation du RDB comme une véritable opportunité, quand d’autres la percevraient comme une manière de les mettre dos au mur. Dans ces conditions, quel avenir serait réservé à tous ces partis et associations à caractère politique ? Vont-ils consentir au sacrifice de la disparition de leur histoire au profit du seul rassemblement des bâtisseurs (RDB) ?
Pour des raisons non encore élucidées, certains en seraient parés. Mieux, le parti démocratique gabonais (PDG) pourrait-il compter parmi les partis politiques et associations voués à ce sacrifice ? Pas sûr que ce soit le cas. Quoi qu’il en soit, il est indéniable que le nouvel homme fort de Libreville a choisi la ruse face aux inquiétudes des gabonais plutôt que l’intelligence qui aurait permis de mieux se comprendre. Le président élu, Brice Clotaire Oligui Nguema serait ainsi en train de s’offrir au discrédit, alors que le peuple vient par un plébiscite, de la porter au pinacle de l’État.