Dette publique: une architecture de plus en plus fragile et sous tension

Charles Mba, ministre du Budget et de la Dette © DR

Libreville, le 29 avril 2025 – (Dépêches 241). Le portefeuille de la dette gabonaise en 2024 reste profondément exposé aux chocs externes. Avec 66,9 % de l’encours libellé en devises, principalement en dollars, le pays est vulnérable à toute dépréciation du franc CFA. Une simple fluctuation du taux de change peut alourdir la facture du service de la dette, accentuant la pression sur les finances publiques. Cette configuration accroît l’incertitude budgétaire dans un contexte économique déjà tendu.

Autre fragilité notable : 32,5 % de la dette devra être refixée au cours de l’année en cours, selon la direction générale de la dette. Cela signifie que près d’un tiers du portefeuille doit être renégocié à court terme, dans un environnement financier mondial marqué par la hausse des taux d’intérêt. Cette concentration sur le court terme est préoccupante, car elle accroît le risque de refinancement et fragilise la trajectoire budgétaire.

Le gouvernement dispose pourtant d’options pour inverser la tendance. Une réorientation vers des emprunts à taux fixe et de long terme pourrait atténuer les chocs. Des partenaires comme les institutions multilatérales offrent des prêts à conditions favorables. Le Gabon pourrait aussi structurer des instruments de couverture contre le risque de change, souvent négligés dans les politiques budgétaires des pays africains. Encore faudrait-il que le gouvernement améliore une gouvernance toujours en question. 

Et la réalité reste préoccupante : avec un taux d’intérêt implicite de 4,5%, le Gabon paie cher pour emprunter, alors même que sa croissance économique demeure modeste. Cette combinaison de facteurs entraîne un coût élevé et un risque accru, qui devrait inciter à une refonte du cadre de gestion de la dette. À défaut, la charge deviendra insoutenable, et les marges de manœuvre budgétaires continueront de se réduire.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*