
Libreville, 12 juin 2025-(Dépêches 241). L’affaire judiciaire visant l’homme d’affaires gabonais Hervé Patrick Opiangah continue de susciter une vive controverse dans l’opinion publique gabonaise. Ce dossier, qui mêle des relents de règlements de comptes politiques à des incohérences juridiques notoires, s’inscrit clairement dans une dynamique politico-judiciaire trouble. À la base, une accusation de viol présumé portée contre HPO par son ex compagne. La supposée victime, en l’occurrence sa propre fille, a fermement nié avoir été violée sous quelque forme que ce soit, ce qui aurait dû suffire à classer l’affaire sans suite. Pourtant, le Parquet a maintenu les poursuites, en l’absence de plaignant, ni victime, le tout, auréolées du parjure du maître des poursuites et sous le sceau d’une plainte déposée postérieurement aux déclenchement des poursuites.
À mesure que le temps passe, l’affaire liée à la procédure judiciaire contre l’homme d’affaires accompli Hervé Patrick Opiangah révèle des incohérences invraisemblables et des dysfonctionnements notoires du système judiciaire du Gabon. Une affaire dans laquelle le Procureur de la République lui-même se retrouve au cœur d’un scandale de parjure. Il avait déclaré publiquement avoir reçu une plainte le 14 novembre 2024. Or, un exploit d’huissier de justice a révélé que cette plainte n’avait été enregistrée que le 25 novembre 2024, soit 5 jours après l’ouverture des poursuites judiciaires et le déclenchement de l’action publique. Ce manquement constitue une irrégularité majeure, un vice de procédure manifeste qui, dans un État de droit, aurait logiquement entraîné l’annulation pure et simple des charges retenues contre HPO et le classement sans suite de l’affaire.
Malgré ces faits accablants, la chambre d’accusation a décidé de maintenir les poursuites en rejetant la demande de non-lieu formulée par les avocats de l’homme d’affaires gabonais, en invoquant la nécessité d’auditionner l’accusé. Une motivation juridiquement discutable, car la loi gabonaise, en l’occurrence le code de procédure pénale, par le truchements de l’article 163 permet expressément de rendre une décision judiciaire en l’absence de l’accusé, surtout lorsque les éléments à charge s’avèrent inexistants ou entachés d’irrégularité. Une approche juridique qui a fait jurisprudence dans l’affaire Nourredin et Sylvia Bongo, libérés nonobstant l’existence manifeste de charges et autorisés à aller en exil sous le prisme de la lettre et l’esprit de la disposition 163 du code de procédure pénale. Une jurisprudence que la chambre d’accusation s’est refusée à appliquer concernant le cas Hervé Patrick Opiangah.
Cette obstination à poursuivre l’affaire semble traduire la présence d’intérêts occultes derrière cette procédure. Il devient dès lors difficile de ne pas voir dans cette affaire une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. D’autant plus qu’il se pourrait que certains cercles du pouvoir actuel soupçonneraient Hervé Patrick Opiangah de nourrir des ambitions politiques ou, à tout le moins, de jouir d’une influence croissante dans la société gabonaise. Sa réussite entrepreneuriale, la prospérité de ses entreprises, et sa proximité avec la population, à travers les actions sociales, les caravanes médicales et certaines activités liées à l’insertion des jeunes, sur fonds propres, et par dessus tout sa participation au coup de libération du 30 août 2023, pourrait en faire une cible idéale pour ceux qui redoutent une alternative politique crédible.
Cette dérive judiciaire traduit une justice gabonaise fragilisée et dévoyée, qui semble parfois se placer volontairement, ou par pression, au service de règlements de comptes personnels. Lorsque l’appareil judiciaire est manipulé pour humilier ou éliminer un citoyen en dehors de tout cadre légal, c’est l’ensemble du système démocratique qui vacille. C’est la République qui convulse et c’est l’Etat de droit qui entre dans un état comateux. La justice, dans sa mission sacrée d’impartialité, ne doit en aucun cas devenir le bras armé d’intérêts politiques inavoués.
Au regard de ce qui précède, la balle est désormais dans le camp de la Cour de Cassation de Libreville. Il lui revient de restaurer le droit, en le disant en toute impartialité, afin d’annuler ces poursuites viciées et de redonner à Hervé Patrick Opiangah la place qui lui revient : celle d’un citoyen libre et innocent jusqu’à preuve du contraire, en lui permettant de rentrer dans son pays, auprès de sa famille biologique, politique et économique. Ce qui soulagerait des milliers de familles aujourd’hui privées de leur salaire depuis près de sept mois. En le faisant, la Cour de Cassation enverrait un signal fort : celui d’une justice enfin indépendante, capable de se tenir debout face aux pressions politiques et de regagner la confiance du peuple gabonais en sauvent la Nation de l’état de non-droit dans lequel la Ve République veut la conduire.