Partenariat SEEG – SUEZ: 131 milliards pour l’eau, mais toujours pas de vision transparente 

Un contrat de performance de cinq ans pour moderniser le réseau de distribution d’eau potable au Gabon ©MontageDépêches 241

Libreville, le 30 avril 2025 – (Dépêches 241). Le 29 avril 2025, la SEEG a signé avec le groupe français SUEZ un contrat de performance de cinq ans censé moderniser le réseau de distribution d’eau potable au Gabon. Montant de l’opération : 131,2 milliards de FCFA, en grande partie financés par un prêt facilité par l’État français. Présenté comme structurant, ce partenariat s’inscrit pourtant dans une longue série de projets coûteux, portés par des partenaires étrangers, sans évaluation rigoureuse de l’impact des précédentes initiatives du même genre. 

Le programme prévoit la réhabilitation des infrastructures à Libreville, Franceville, Oyem et Port-Gentil, la détection des fuites, la modernisation de la facturation et la régularisation des branchements. Mais derrière cette avalanche de bonnes intentions, aucun audit public n’a encore été publié sur l’état réel des réseaux. Combien de pertes réelles sur le réseau ? Quels sont les objectifs chiffrés ? Quelle part de cette somme financera réellement des travaux et non des prestations de conseil et d’encadrement par SUEZ ? Le flou demeure. 

Le projet, qui repose sur la méthode « WIKTI » (un dispositif interne à SUEZ), est censé former les agents de la SEEG à mieux gérer les réseaux. Mais depuis 2023, la société nationale a déjà connu trois changements à sa tête, sans cap stratégique affirmé. Comment garantir une montée en compétences durable dans un contexte de gestion aussi instable ? Là encore, aucune clause sur la gouvernance n’a été communiquée au public. 

Autre zone d’ombre : le financement. On parle d’un prêt à taux avantageux, mais contracté par un État dont la dette publique dépasse déjà les 7200 milliards FCFA. Cette opération s’ajoute donc à un portefeuille d’engagements internationaux déjà lourdement chargé. En l’absence d’un mécanisme solide de remboursement indexé sur la performance du service, ce contrat risque de peser davantage sur les finances publiques que sur les tuyaux. 

Ce partenariat semble davantage guidé par la nécessité politique de montrer que « quelque chose bouge » dans le secteur de l’eau, que par une logique de réforme structurelle. À ce rythme, la modernisation du service public risque de rester un mirage, recyclé à chaque mandat sous de nouveaux logos. Aux nouvelles autorités de prouver le contraire tout en améliorant enfin la qualité et l’offre de services. 

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