Gabon: le poids du remboursement de la dette, une contrainte durable pour une économie peu diversifiée ?

Image illustrative © DR

Libreville, le 12 mai 2025 – (Dépêches 241). Le Gabon consacre 11,5% de son budget 2025 au remboursement de sa dette publique, soit plus d’un dixième de ses ressources budgétaires affectées au service des intérêts et au remboursement du principal. Cette charge absorbe une part significative des marges budgétaires disponibles, dans un pays dont les recettes fiscales sont étroitement corrélées aux performances du secteur pétrolier. Une telle ponction dans un contexte de croissance modérée avec 2,8% et 2,6% attendue respectivement pour 2025 et 2026, et de pression sociale persistante interroge sur la soutenabilité de cette trajectoire financière.

Dans sa dernière analyse régionale, le FMI met en garde contre le piège d’un endettement coûteux, notamment pour les pays ayant recours aux emprunts à taux de marché. Si le Gabon a réussi à émettre des euro-obligations en 2025, comme d’autres pays de la région, cette opération s’est réalisée dans un climat de durcissement des conditions de financement mondiales. Les taux d’intérêt internationaux élevés prolongent la contrainte budgétaire sur les pays africains, en alourdissant leur charge d’intérêts. Le Gabon n’échappe pas à cette logique, avec une dette contractée à des conditions de plus en plus défavorables.

Même si la Loi de finances 2025 prévoit une baisse de 4,5 milliards de FCFA des intérêts versés aux banques commerciales, le service de la dette intérieure reste pesant. La part croissante de la dette domestique dans le portefeuille global de l’État expose les banques locales au risque souverain et tend à évincer le crédit au secteur privé. En résulte un cercle vicieux où l’État se finance à court terme pour répondre à ses besoins immédiats, au détriment d’une dynamique économique structurée et durable.

Henri-Claude Oyima, ministre de l’Économie et des Finances, est confronté à la tâche complexe de stabiliser les équilibres budgétaires tout en redonnant de l’oxygène à l’investissement public. La rationalisation des dépenses, l’élargissement de l’assiette fiscale et l’instauration d’une stratégie proactive de gestion de la dette deviennent impératifs. Mais sans diversification de l’économie, notamment hors pétrole, le poids du service de la dette continuera de représenter un frein à moyen terme.

Au fond, la situation actuelle illustre l’impasse dans laquelle se trouve depuis une décennie, un État dépendant à la fois de ressources extractives volatiles et de financements externes coûteux. Le débat sur la viabilité de la politique d’endettement du Gabon ne saurait être éludé. Encore moins aujourd’hui avec la volonté des nouvelles autorités d’investir massivement dans les infrastructures. Entre obligations financières croissantes et impératifs de développement, la marge de manœuvre se réduit. Reste à savoir si la nouvelle équipe en place saura briser ce cycle de dépendance. 

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