
Libreville, le 16 mai 2025 – (Dépêches 241). Les bavures policières semblent devenues monnaie courante au Gabon. La dernière en date est celle de la mort d’un jeune homme de 26 ans, survenue à Port-Gentil dans un quartier sensible. La victime aurait succombé à un tir d’arme à feu effectué par un agent des forces de l’ordre. Un drame grave, qui remet en lumière la problématique de l’utilisation disproportionnée des armes chez certains agents, et surtout l’absence d’une réforme doctrinale claire encadrant les procédures d’arrestation.
Lors d’une opération d’interpellation à Port-Gentil, Franzy Nguembi, 26 ans, aurait trouvé la mort à la suite d’un tir d’un agent de la police nationale. L’arrestation, qui visait initialement son frère aîné dans le quartier Chic, aurait mal tourné. En effet, le 2 mai dernier, ce quartier de la capitale économique a été le théâtre d’un drame ayant coûté la vie à ce jeune Gabonais. L’opération, menée tard dans la nuit, a dégénéré sous les yeux d’une foule qui contestait la méthode de l’arrestation. Cerné par cette foule qu’il aurait jugée menaçante, l’agent de police a d’abord tiré un coup de sommation, avant de tirer une seconde fois, atteignant mortellement le jeune homme. Selon ses dires, il visait la jambe, mais aurait paniqué en raison de la présence présumée de machettes dans la foule. Résultat : une famille gabonaise de plus endeuillée par une bavure policière.
Cette affaire survient alors que le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Herman Immongault, récemment reconduit dans le premier Gouvernement de la Ve République, affirme vouloir mettre en place des mécanismes rigoureux pour restaurer l’autorité de l’État et éviter de tels dérapages au sein des forces de sécurité. Pourtant, la mort de Franzy Nguembi semble révéler une toute autre réalité : l’absence manifeste d’une doctrine d’intervention bien définie, le mépris du droit par certains agents, et un usage disproportionné de la force à l’encontre des citoyens.
Le plus inquiétant dans cette affaire est que l’agent concerné aurait été envoyé seul, en pleine nuit, dans un quartier réputé dangereux, pour procéder à l’arrestation du frère aîné de la victime, suite à une plainte déposée contre ce dernier. Une grave erreur d’appréciation de la hiérarchie policière de Port-Gentil. Comment expliquer qu’un seul agent ait été envoyé, armé mais sans renfort ni supervision, dans un quartier aussi sensible ? Où est passée la réforme de la doctrine d’intervention promise par le Ministère de l’Intérieur ?
La sécurité des personnes et des biens ne saurait être une affaire de slogans ou d’annonces politiques. Dans la Ve République, il est inacceptable que la sécurité des citoyens soit traitée avec autant de légèreté. Le Ministère de l’Intérieur ne peut rester silencieux face à une telle dérive. Au-delà de sanctions exemplaires, trop rares dans ces cas de bavures, ce drame met en lumière l’urgence d’une refonte en profondeur de l’encadrement policier. Cela passe par une doctrine d’intervention repensée, une politique rigoureuse de sanctions et de contrôle, et une police de proximité bien formée, en nombre suffisant et dotée d’une formation adaptée à l’usage des armes.
En conséquence, les sanctions internes ou les affectations disciplinaires ne pouvant plus être les seules réponses à une perte de vie humaine. À ce jour, l’agent de police impliqué serait en détention préventive à la prison centrale de Port-Gentil, pour homicide involontaire. Espérons que toute la lumière soit faite sur cette affaire et que la justice, parfois trop indulgente dans ce type de dossier, applique cette fois des sanctions sévères.