Gabon: « Pour garantir une justice indépendante, tous les membres de l’Exécutif (…) doivent être exclus du Conseil Supérieur de la Magistrature », soutient le Président du Synamag 

Pour Landry Abaga Essono, Président du Synamg, le pouvoir comme sous l’ancien régime maintient son influence sur la justice gabonaise ©MontageDépêches 241

Libreville, le 20 mai 2025 – (Dépêches 241). Dans une récente interview donnée chez le média en ligne Le Confidentiel, Landry Abaga Essono, Président du Syndicat National des Magistrats du Gabon (SYNAMAG), est revenu sur l’exfiltration sans aucune forme de procès de l’ancien Chef d’État Ali Bongo Ondimba et sa famille, tout en profitant à dénoncer la crise institutionnelle persistante au sein de la justice gabonaise, qui se traduit par des interférences régulières de l’Exécutif dans le Judiciaire. Toute chose qui conforte le magistrat dans l’idée que « pour garantir une justice indépendante, tous les membres issus de l’Exécutif et du Législatif doivent être exclus du Conseil Supérieur de la Magistrature »

Déjà très conflictuels pendant la période de Transition, les rapports entre l’Exécutif et le Judiciaire ne s’ouvrent toujours pas sur de bons auspices dans la Cinquième République Gabonaise. Pour cause, après la discrète exfiltration d’Ali Bongo Ondimba et sa famille en Angola par les nouvelles autorités, le Président du Syndicat National des Magistrats du Gabon (SYNAMAG) n’a pas tardé à livrer son sentiment sur cette situation. Pour Landry Abaga Essono, il ne fait aucun doute que cette décision soit venue de l’Exécutif. « La police aux frontières n’a pas réagi, car elle a reçu l’ordre de ne pas le faire », a-t-il d’abord avancé sans fioritures. Et d’ajouter «Vous savez d’où viennent ces instructions, et ce n’est certainement pas d’un magistrat », a-t-il ironisé à ce sujet. 

En marge de cette situation de l’ex Président de la République et sa famille, le Synamag dénonce surtout la mainmise du pouvoir Exécutif sur le pouvoir Judiciaire. « La Constitution parle de séparation des pouvoirs, mais donne au Chef de l’Exécutif le contrôle du Conseil Supérieur de la Magistrature. Cette contradiction est la racine des abus que nous constatons aujourd’hui », a-t-il soutenu sans détours. Le magistrat boucle son intervention en défendant que « pour garantir une justice indépendante, tous les membres issus de l’Exécutif et du Législatif doivent être exclus du Conseil Supérieur de la Magistrature », a-t-il conclu. 

Reste désormais à espérer que ce vœu du Syndicat National des Magistrats du Gabon se matérialise un jour, au regard des nombreux et flagrants cas d’immixtion du pouvoir Exécutif dans de nombreuses procédures judiciaires, souvent en cours, telle que la procédure visant l’ancien première Dame et son fils ou encore celle de l’ancien ministre des Mines, Hervé Patrick Opiangah qui continue d’alimenter les débats et des critiques vives dans l’opinion. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*