
Libreville, le 30 Mai 2025 – (Dépêches 241 ). À peine une semaine après la déclaration ambitieuse du vice-président Alexandre Barro Chambrier sur « la fin des délestages d’ici deux ans », la réalité vient brutalement contredire les promesses du sommet de l’État. Le 28 mai 2025, la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) a officiellement retrouvé sa direction statutaire après près de neuf mois d’administration provisoire. Mais au lieu d’une amélioration attendue, les coupures d’électricité se sont multipliées à Libreville, exposant au grand jour les failles persistantes du système énergétique.
Dans les quartiers populaires du Grand Libreville, les délestages nocturnes se sont intensifiés : de Nzeng-Ayong à Mindoubé en passant par Akébé, les coupures surviennent sans préavis, souvent après 21 heures, plongeant les familles dans l’obscurité et l’insécurité. Pour beaucoup, c’est la preuve que les promesses gouvernementales ne résistent pas à l’épreuve du terrain. « Il avait dit que ce serait réglé en deux ans. Mais une semaine après, c’est pire », souffle un riverain du PK10, exaspéré. L’annonce du vice-président semble avoir été rattrapée, voire humiliée, par la réalité technique du réseau.
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La présence du fournisseur turc Karpowership, censé renforcer la production grâce à ses centrales flottantes, n’a pas empêché cette dégradation du service. Alors que le navire était censé fournir 70 MW dès avril, rien ne semble bouger dans les foyers. Des rumeurs font déjà état de tensions contractuelles non résolues entre l’État et l’opérateur, voire de retards de paiement. Si la centrale flottante ne tourne pas à plein régime, c’est toute la stratégie d’urgence du gouvernement qui vacille.
Cette situation embarrasse au plus haut niveau de l’État. Le discours volontariste de Chambrier, voulu comme une démonstration de maîtrise et d’engagement envers les besoins essentiels des Gabonais, s’en voit fragilisé. Car si les responsables publics annoncent la fin des pénuries, mais que les ménages subissent l’inverse, c’est l’autorité même de l’État qui est mise en cause. Une promesse non tenue devient une fracture de confiance.
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Le retour de la SEEG à la « normale » après des mois de transition, s’apparente donc à un retour en arrière. Plutôt qu’un symbole de stabilisation, c’est un pied de nez institutionnel à ceux qui prétendent incarner le renouveau. Dans un pays où l’électricité reste un luxe pour beaucoup, les effets d’annonce ne suffisent plus. C’est désormais la capacité à tenir parole et à livrer du courant qui fera foi.