
Libreville , le 20 Mai 2025 – (Dépêches 241). Dans une déclaration très médiatisée sur les antennes de RFI, Alexandre Barro Chambrier a promis la fin des délestages électriques et des pénuries d’eau au Gabon d’ici deux ans. Une annonce spectaculaire dans un pays où l’accès à l’eau potable et à l’électricité reste un luxe pour des milliers de foyers. Mais comme souvent au Gabon, l’écart entre les annonces officielles et les capacités réelles de mise en œuvre est abyssal. À ce jour, aucun plan détaillé n’a été rendu public pour expliquer comment cette prouesse serait réalisée. Un plan triennal de 3000 milliards de FCFA a vaguement été annoncé mais sans détails concrets.
La promesse de Chambrier intervient alors que la SEEG enchaîne les scandales de gestion, avec trois directeurs généraux nommés en moins de deux ans et une maintenance du réseau quasi inexistante. Pendant ce temps, les gabonais endurent quotidiennement des coupures prolongées, des factures exorbitantes pour un service aléatoire, et une absence totale de recours. Dire que la crise sera résolue en deux ans sans mentionner les investissements prévus, ni les sources de financement, relève davantage de la communication politique que de la planification technique.
La vérité, c’est que le système est à bout de souffle. Les infrastructures datent pour beaucoup de l’époque post-indépendance, et les quelques partenariats engagés comme celui avec Karpowership ou Suez, ne sont que des rustines temporaires. Il n’existe aujourd’hui aucun audit public des pertes en ligne ou de l’état réel du réseau de distribution. L’État navigue à vue, jonglant entre promesses de modernisation et solutions d’urgence, sans feuille de route publique ni indicateurs de performance clairs.
Barro Chambrier mise sur une hypothétique croissance à deux chiffres pour justifier ces ambitions. Mais comment espérer relancer la croissance avec un système énergétique défaillant et un déficit d’eau structurel ? L’énergie et l’eau sont les deux préalables à toute industrialisation ou développement agricole. En l’état, même les petites entreprises souffrent de coupures quotidiennes, freinant toute perspective de relance économique sérieuse.
Ce que les Gabonais attendent aujourd’hui, ce ne sont pas des incantations politico-politiciennes, mais des actes mesurables : des stations rénovées, des compteurs installés, des zones rurales électrifiées. Tant que l’on ne verra pas le moindre changement concret sur le terrain, ces promesses resteront perçues comme un exercice de style. Et les deux années annoncées risquent fort de se transformer, une fois encore, en éternité.