
Libreville, le 5 Juin 2025 – (Dépêches 241). Le Gabon, ce pays où la Ve République se pavane fièrement sous les oripeaux d’un régime qui ne veut décidément pas lâcher son costume PDG taillé sur mesure. On pourrait croire à une nouvelle ère, un souffle démocratique, un vent de changement… Que nenni ! L’appareil d’État, lui, a préféré garder la même ossature partisane, comme un vieux meuble qui refuse de céder sa place.
Le PDG, ce chef d’orchestre omniprésent
Au sommet de la pyramide politique et administrative, le PDG trône toujours en maître absolu. Gouvernement, parlement, commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite : tous les fauteuils confortables sont occupés par des fidèles du parti, ou d’anciens militants, voire mieux, par des proches parents du président lui-même. La Cour Constitutionnelle, la Direction générale des impôts et la CAISTAB ? Des clubs familiaux où le népotisme est roi. La démocratie, ici, ressemble plus à une réunion de famille qu’à un exercice de gouvernance.
Clientélisme et marchés gré à gré : la recette miracle
Côté pratiques, on ne change pas une équipe qui gagne. 90% des marchés publics sont attribués en gré à gré, histoire de garder le gâteau bien partagé entre amis et alliés. Les nominations aux postes clés ? Elle est fonction des relations amicales ou de parenté, bien sûr. La dénonciation des détournements de fonds publics ? Une simple musique de fond, ignorée par une justice galvaudée qui préfère fermer les yeux – souvenez-vous de l’affaire Opiangah ou de la discrète libération d’Ali Bongo et sa famille, passée sous silence comme un secret d’État.
Éducation et justice : les grandes oubliées
Pendant ce temps, l’année académique s’achève dans un silence assourdissant : les bourses des élèves n’ont pas été payées depuis plusieurs mois. La fraude aux concours s’étend comme une tache d’huile, touchant l’ENA, la police, et autres institutions clés. Quant aux retraités, ils oscillent entre espoir et désillusion face au paiement incertain de leurs pensions.
Police et syndicats : un cocktail explosif
Le racket policier continue de prospérer, accompagné parfois, de répression contre les manifestants pacifiques, comme pour rappeler que la liberté d’expression a ses limites, surtout quand elle dérange. Les revendications légitimes des syndicats restent lettre morte, dans un pays où les exactions d’hier n’ont jamais vraiment disparu.
La Ve République gabonaise ressemble à un vieux film en boucle, où les mêmes acteurs rejouent sans fin le même scénario : un pouvoir familial, un clientélisme endémique, une justice aux abonnés absents, et une population qui, malgré tout, continue de rêver à une autre histoire. Mais pour l’instant, le rideau ne semble pas prêt de tomber sur cette pièce bien rodée… et tristement familière.