Gabon: Sylvia et Noureddin Bongo libérés par la communauté internationale et non pour des raisons de santé comme évoqué par Eddy Minang 

La version donnée par l’ancienne Première Dame diffère fondamentalement de celle évoquée par le Procureur Général Eddy Minang, qui des deux ment ?  ©Montage Dépêches 241

Libreville, le 4 juillet 2025-(Dépêches 241). La version officielle de la justice gabonaise vacille. Alors que les autorités judiciaires affirmaient avoir accordé une liberté provisoire à Sylvia Bongo Valentin et à son fils Noureddin Bongo Valentin pour des raisons de santé, les deux anciens détenus ont livré, ce 3 juillet 2025, une toute autre version. Dans une déclaration commune diffusée sur les réseaux sociaux, ils soutiennent que leur libération n’a été rendue possible que par l’intervention décisive de la communauté internationale. 

«  Nous remercions de tout cœur la communauté internationale, en particulier l’Union Africaine, de nous avoir sauvé la vie en nous libérant de plus de 20 mois de détention arbitraire, de violations permanentes de nos droits humains et de tortures répétées  », ont affirmé dans un communiqué Sylvia Bongo et Noureddin Bongo Valentin. 

Cette sortie médiatique, cinglante, pourrait conforter la thèse d’une manipulation orchestrée par le régime gabonais pour dissimuler la réalité de leur détention. D’ailleurs, depuis plusieurs semaines, des observateurs de la scène politique nationale émettaient des doutes sur la version officielle évoquant un état de santé préoccupant pour justifier leur mise en liberté. Pour eux, cette justification n’était qu’un « écran de fumée » destiné à calmer l’opinion, tout en évitant de reconnaître les pressions internationales croissantes.

À l’instar de l’ex-président Ali Bongo Ondimba, qui a récemment dénoncé sa « séquestration arbitraire » par le nouveau régime, Sylvia et Noureddin accusent ouvertement les autorités actuelles d’avoir utilisé la justice à des fins politiques. Ils décrivent une détention marquée par des violences extrêmes, des conditions inhumaines, et un isolement absolu. «  Notre détention provisoire de près de deux ans s’est déroulée en isolement total entre une cellule entièrement vide de la Prison Centrale de Libreville et un bureau de la Garde Républicaine au sous-sol du Palais Présidentiel, six étages en-dessous des appartements du Président Brice Clotaire Oligui Nguema. C’est dans ce sous-sol que nous avons été violemment torturés à répétition par les militaires les plus proches du Président Oligui Nguema : fouettés, électrocutés, noyés, battus et bien pire », ont-ils confié. 

Plus accablants encore sont les propos dénonçant un projet de faux procès téléguidé par le pouvoir en place, dont le but serait de confisquer leurs biens sous couvert de la justice. Selon eux, leur libération ne signifie pas la fin de leur calvaire, mais le début d’une nouvelle phase d’acharnement politique. « La veille de notre départ nous avons été forcés de signer des documents nous contraignant au silence sur le sort que nous avons subi. Mais nous ne nous tairons pas face à la terreur et à l’injustice. Le pouvoir en place prévoit de nous condamner par contumace lors d’un faux procès dans un futur proche afin de légaliser la saisie de nos biens, notre détention arbitraire et la prise de pouvoir par la force», ont-ils ajouté. 

Une version aux antipodes de celle données par les autorités gabonaises notamment par le truchement du Procureur Général près la Cour d’Appel Eddy Minang. Le procureur Général évoquait ce jour comme justification, une double demande d’élargissement provisoire introduite par leur avocate, Maître Eyue Bekale Gisèle, qui s’appuyait sur l’état de santé préoccupant de ses clients. Il déclare : « Le 12 mai 2025, Maître Eyue Bekale Gisèle, avocate au barreau du Gabon, a adressé au procureur général deux demandes d’élargissement provisoire pour le compte de Sylvie Marie Aimée Valentin, épouse Bongo, et de Noureddin Bongo Valentin. Elle alléguait que l’état de santé de ses clients était préoccupant, et produisait à cet effet des certificats médicaux délivrés par le médecin (..) », indiquait le magistrat. 

Deux versions qui s’opposent diamétralement et mettent à découvert la gestion approximative des affaires judiciaires sous la Ve République.   

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