Affaire CNNII : l’entreprise favorite d’Oligui Nguema, Ebomaf, accuse l’Etat

Mahamadou Bonkoungou, Patron du groupe Ebomaf en compagnie du Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema © DR

Libreville, le 23 août 2025 – (Dépêches 241). Ce mercredi 20 août, la Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII) a annoncé ce mercredi 20 août 2025, par voie de communiqué officiel, la cessation de son partenariat avec l’Entreprise Bonkoungou Mahamadou et Fils (EBOMAF), une société burkinabè bien implantée en Afrique et au coeur de presque tous les chantiers depuis l’avènement du régime Brice Clotaire Oligui Nguma . Ce partenariat avait été scellé en février 2024 pour une durée de 20 ans. En réplique à ce communiqué Ebomaf a tenu à éclaircir les raisons de cette séparation en imputant la responsabilité de cette rupture à l’État.

La signature de la concession en février 2024 entre la CNNII et le groupe burkinabè EBOMAF avait créé la surprise. Bien connu en Afrique pour ses chantiers de BTP et considéré au Gabon comme l’un des partenaires privilégiés du président dans ce secteur, le groupe reste en revanche absent du paysage maritime continental. Un domaine où son nom est quasi inconnu. Pourtant, lors de la signature du partenariat d’une durée de vingt ans, EBOMAF avait affiché de grandes ambitions : relancer un des symboles du pavillon maritime gabonais, apurer plus de dix-sept mois d’arriérés de salaires et, plus largement, améliorer les conditions de travail. Un an plus tard, en janvier 2025, le constat était tout autre : les employés de la CNNII, désormais sous gestion d’EBOMAF, sont entrés en grève pour réclamer dix-neuf mois de salaires impayés et dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail.

Dans un communiqué publié le 20 août 2025, la CNNII informe l’opinion publique, ses partenaires et l’ensemble de ses usagers de la cessation du partenariat qui la liait au Groupe EBOMAF. Tout en saluant la collaboration qui les liait, la CNNII a tenu à préciser dans son communiqué que: « Cette évolution n’affectera en rien la continuité de ses activités, ni la qualité des services rendus au public. Elle demeure pleinement engagée dans sa mission de développement du transport fluvial, maritime et logistique au Gabon », a-t-on pu lire.  

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En réponse à cette sortie, le Groupe EBOMAF a tenu à mettre les choses au point en apportant des clarifications sur la situation. Selon Ebomaf- Gabon,  la mise en œuvre de la concession dépendait de plusieurs conditions suspensives à la charge de l’État, comme la mise à disposition de quais, hangars et équipements portuaires, ainsi que le financement d’un plan social pour la CNNII. De son côté, le concessionnaire affirme avoir déjà engagé d’importants investissements : acquisition de navires présents au Gabon, paiement partiel des salaires de la CNNII, financement d’études techniques, préfinancement pour la réhabilitation des quais et organisation de missions d’experts en Turquie, Grèce, Libreville et Port-Gentil.

En dépit de cette volonté manifeste montrée par le groupe d’Ebomaf, l’État n’aurait pas respecté ses engagements, rendant impossible l’entrée en vigueur effective de la convention. Face à cette situation, plus d’un an après sa signature, les deux parties ont décidé d’un commun accord, conformément à l’article 43, d’y mettre un terme. 

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