CNNII et EBOMAF : le divorce éclair d’un mariage mal négocié

Oligui Nguema alors président de la Transition pendant l’officialisation de la concession de la CNNI au groupe Ebomaf © DR

Libreville, le 22 août 2025 – (Dépêches 241). Il n’aura fallu que sept petits mois pour que la Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII) et le groupe EBOMAF nous offrent l’une des séparations les plus fulgurantes et, osons le dire, divertissantes de cette fin d’année 2025. Après avoir signé en février un engagement solennel—à défaut d’être clair—de passer les commandes de la CNNII à ce mastodonte burkinabé, voilà que les deux ex-époux annoncent, dans un communiqué sentant bon la diplomatie de façade, leur « volonté mutuelle de réorienter leurs priorités stratégiques ». Traduction : merci pour les 17 mois d’arriérés de salaires, mais là, on fait nos valises.

On pourrait presque leur en vouloir d’un choix si soudain. Mais quand on découvre que la pauvre CNNII, loin d’être un joyau flambant neuf, est plutôt ce qu’on appelle dans le jargon un « cadeau empoisonné », on comprend mieux la perte d’entrain d’EBOMAF. Entre dettes abyssales, manque criant de bateaux – car oui, on navigue sans navires, la base même de l’activité – et une atmosphère interne aussi électrique qu’une fête foraine, le rêve d’EBOMAF de redresser la barre s’est vite transformé en cauchemar indigeste. Et dire qu’ils espéraient redynamiser ce titan aux allures de cadavre ambulant…

Et puis il y a Madame Marie Sylvie Mistoul Ntchorere. La première femme à prendre la barre de la CNNII en plus de 40 ans, une sorte de Jeanne d’Arc des temps modernes, décidée à inverser la tendance. Hélas, Jeanne s’est vite rendue compte que sa croisade se jouait dans un marécage de chiffres rouges et de frustrations salariales. Quand votre équipage est payé au sixième de ce qu’il mérite ou pas du tout depuis plus d’un an, le moral n’est pas vraiment au rendez-vous.

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Le nouvel exemple d’échec financier vient ainsi rappeler que, parfois, il vaut mieux réfléchir à deux fois avant d’empoigner un navire en train de sombrer. EBOMAF s’en tire bien, se recentrant sur des opportunités jugées plus rentables. Quant à la CNNII, elle vogue désormais vers l’inconnu, espérant quelque miracle financier qui, pour l’instant, ressemble plus à un conte de fées qu’à une réalité tangible.

Finalement, cette histoire est un peu celle du mariage arrangé qui tourne au divorce par consentement tacite, ou comment le rêve d’une franche collaboration sous le signe de l’avenir s’est fracassé sur les récifs d’une gestion désastreuse. La morale ? En affaires comme en amour, mieux vaut parfois éviter les contrats de sept mois. C’est souvent là que commencent les vrais ennuis.

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